Québec devrait songer à poursuivre Ottawa, croit le caquiste François Rebello, car son retrait du protocole de Kyoto pourrait coûter plus de 150 millions aux entreprises québécoises. Une proposition qui méduse à la fois ses rivaux et les entreprises elles-mêmes.

«Si on appliquait le protocole de Kyoto demain, les entreprises québécoises pourraient vendre des crédits [d'émission de carbone]. La valeur pourrait s'élever à 150 millions», pense-t-il.

Ottawa a violé ses obligations internationales en se retirant du protocole de Kyoto. Cela l'expose à des poursuites, a soutenu récemment le juriste Daniel Turp, ancien député péquiste. M. Rebello veut utiliser cet argumentaire juridique pour exiger que le fédéral indemnise les entreprises québécoises.

«Ses calculs sont farfelus, sa demande de poursuite aussi», soutient le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand. Il dénonce deux «incohérences» de M. Rebello. D'abord, le protocole de Kyoto et le marché du carbone sont deux initiatives distinctes. L'une n'engage pas l'autre. Et le marché du carbone ne se limite pas au Canada. Malgré le retrait du protocole de Kyoto, Québec a d'ailleurs annoncé en décembre dernier qu'il lancerait son marché du carbone avec la Californie au sein de la Western Climate Initiative. La Californie représente un marché comparable au Canada. L'Ontario, la Colombie-Britannique et d'autres États américains pourraient y participer.

Le critique du Parti québécois en matière d'environnement, Scott McKay, dénonce «l'amateurisme» de M. Rebello. «Il mélange pas mal de choses», lance-t-il.

Hélène Lauzon, présidente du Conseil patronal de l'environnement du Québec, avoue ne pas comprendre la logique de M. Rebello. «En fait, avec le marché du carbone annoncé récemment par Québec, on ne sait même pas encore si nos entreprises vont perdre de l'argent, rappelle-t-elle. Pour l'instant, ces calculs restent encore très hypothétiques.»