Plus de 200 personnes ont participé hier à une séance d'information sur le gaz de schiste à l'UQAM. Elles ont posé bien des questions et aussi entendu toutes les solutions de rechange à l'exploitation des hydrocarbures.

«Il y a des filières extraordinaires qui sont actuellement ignorées par le gouvernement du Québec et par Hydro-Québec», a dit Daniel Breton, président de Maître chez nous 21e siècle.

Parmi celles-ci, les biogaz produits à partir des déchets, une filière qui a été lancée en grande pompe l'an dernier, mais qui devra maintenant affronter la concurrence de l'énergie fossile.

Et le secteur des biogaz est aussi prometteur du point de vue des emplois, selon Kim Cornelissen, une consultante qui est aussi membre de l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQLPA). «Je reviens de Suède et ils comblent maintenant 20% de leurs besoins d'énergie en transport avec les biogaz tout en détournant 97% de leurs déchets des dépotoirs», dit-elle.

Pierre Batellier, de l'École des Hautes Études commerciales, a posé une série de questions sur les supposées retombées positives des gaz de schiste.

«Il manque une analyse sérieuse et indépendante des bénéfices et des coûts, dit-il. On parle d'indépendance énergétique alors qu'on donne pendant des décennies des droits sur le territoire à une compagnie comme Talisman. Et acheter du gaz albertain à Talisman ou du gaz québécois, ce n'est pas une façon d'arriver à l'indépendance énergétique. C'est surtout une façon de cultiver notre dépendance aux énergies fossiles.»

Un autre conférencier a fait ressortir que l'exploitation des gaz de schiste va augmenter les émissions de gaz à effet de serre du Québec. «Actuellement, le secteur gazier représente 11 mégatonnes d'émissions annuelles, dit-il. Mais si on extrait le gaz ici, on brûlera encore la même quantité de gaz, mais il faudra ajouter les émissions liées à la production. Actuellement, ces émissions sont portées au compte de l'Alberta.»

Le Québec s'est fixé comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20%. Ce sera difficile à réaliser si l'industrie du gaz de schiste se met en branle, selon Martine Ouellette, critique du Parti québécois en matière d'environnement. Mme Ouellette était présente à l'assemblée hier ainsi que trois autres députés du Parti québécois, en plus du député Amir Khadir de Québec solidaire.

Il n'y a surtout aucune urgence objective à aller de l'avant avec ce projet, ont souligné plusieurs participants. «On nous met face à des urgences complètement factices, alors qu'on n'a jamais eu autant de surplus énergétiques au Québec», a dit André Bélisle, président de l'AQLPA.

Les participants se sont donné rendez-vous demain pour une manifestation devant coïncider avec le début du Congrès mondial de l'énergie, une rencontre internationale de ce secteur industriel qui a lieu tous les trois ans et qui se déroule cette année à Montréal.