Avec ses images-chocs, sa poésie et son humour, le documentaire Gasland, du réalisateur Josh Fox, a catalysé le débat sur l'exploitation du gaz de schiste aux États-Unis. Lauréat d'un prix au festival Sundance en 2010, Gasland a été présenté à la chaîne HBO et poursuit sa carrière dans des assemblées toujours bondées. Il sera projeté pour la première fois au Québec ce soir à Saint-Hyacinthe. La Presse a vu Gasland en primeur à Cooperstown, dans l'État de New York, en juin, et s'est entretenu avec Josh Fox au cours des derniers jours.

Q: Qu'est-ce qui vous occupe actuellement?

R: Actuellement, on n'en revient pas de constater que les opposants au gaz de schiste ont été espionnés par l'État de Pennsylvanie.

Q: Pardon?

R: Oui, l'État de Pennsylvanie a payé une firme privée de renseignement pour surveiller les assemblées publiques d'opposants au gaz de schiste. Les dates des assemblées font partie d'une liste d'événements à surveiller du point de vue de la lutte contre le terrorisme et l'agence antiterroriste de la Pennsylvanie a communiqué des renseignements sur les opposants aux promoteurs de l'industrie. (NDLR: La Presse a pu vérifier que ces affirmations sont vraies, elles ont été largement rapportées dans la presse locale et nationale. Le gouverneur de l'État s'est même excusé et a mis fin à cette pratique.)

Q: La dernière fois que nous nous sommes parlé, c'était avant la diffusion de Gasland à HBO. Comment ont été les derniers mois?

R: C'est incroyable, même si le film a été diffusé à la télé, on continue d'avoir 500 ou 600 personnes chaque fois qu'on le montre. Les gens arrivent avec leurs bouteilles d'eau contaminée en disant que les autorités ne leur prêtent pas attention. Il faut voir comment ces gens sont généreux, humains, comment ils sont démocratiques. Ils apprennent à intervenir dans leur conseil municipal, à faire pression sur leur gouvernement. C'est merveilleux de voir tous ces gens s'impliquer, mais c'est aussi frappant de voir comment cela ne parvient pas à changer quoi que ce soit, sauf dans l'État de New York.

Q: Depuis sa sortie, votre film a été critiqué par l'industrie, qui dit qu'il contient des faussetés.

R: Nous avons répondu point par point à toutes les critiques de l'industrie et nous maintenons tout ce qui est dit dans ce film.

Q: Par exemple, il y a ce ruisseau en Pennsylvanie qui aurait été pollué par une mine de charbon et non par des forages gaziers...

R: Non, nous avons des témoins oculaires qui affirment que des rejets de forages ont été déversés dans le ruisseau, alors l'industrie gazière a contribué à la pollution. Et pour avoir parlé aux gens de l'EPA (l'agence américaine de protection de l'environnement), ils n'ont pas de conclusion définitive sur ce ruisseau.

Q: Depuis le lancement du film, avez-vous obtenu de nouvelles informations que vous auriez voulu y ajouter?

R: À la base, on avait du matériel pour faire un film de six heures. Et il y aura une suite à Gasland, peut-être pas un long métrage, mais on va continuer à enquêter. On est allés dans l'ouest de la Pennsylvanie, on va aller en Australie aussi et on va retourner en Louisiane.

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Gasland, un documentaire du réalisateur américain Josh Fox, sera présenté en version originale anglaise ce soir à 19h30 au loisir Saint-Sacrement-Sacré-Coeur, situé au 2420, rue Bourassa à Saint-Hyacinthe.