Les élus du gouvernement n'excluent pas d'aller à la rencontre des citoyens qui manifestent leur inquiétude et leur colère dans le dossier du gaz de schiste.

La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a évoqué cette possibilité mercredi, avant d'entrer en Chambre.

Selon elle, rien n'exclut que des ministres du gouvernement - elle et son collègue Pierre Arcand, au Développement durable, par exemple - aillent rencontrer des citoyens sur le terrain, une fois les audiences du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) complétées.

La chef de l'opposition, Pauline Marois, a d'ailleurs dénoncé, à la période de questions, l'absence du gouvernement aux assemblées publiques organisées par l'industrie à travers le Québec.

Mardi soir, à Saint-Hyacinthe, des centaines de citoyens ont invectivé les représentants de l'Association gazière et pétrolière du Québec (AGPQ).

Le scénario se répétait, puisque l'accueil avait été aussi dévastateur à Saint-Édouard-de-Lotbinière et à Bécancour, au cours des semaines précédentes.

«Évidemment on aurait souhaité que ça se passe différemment, c'est sûr, qu'il y ait plus de respect dans les échanges, a commenté Mme Normandeau en point de presse. Moi, je crois que l'industrie était de bonne foi dans les démarches qu'elle a faites.»

Elle «décode» des récents événements que les gens ont «besoin d'être rassurés», mais ajoute que le Québec n'est tout de même pas encore «un gruyère» couvert de forages.

Et par ailleurs, Mme Normadeau pense que la population n'est pas contre le principe de l'exploitation des gaz de schiste, «sur le fond». Elle est toutefois prête à prendre le bâton de pèlerin.

«Après les audiences du BAPE (dont le rapport devrait être déposé le 4 février), un projet de loi sera déposé, a-t-elle expliqué. Et il n'y a rien qui exclut que des ministres du gouvernement, moi, mon collègue Pierre Arcand, se rendent sur le terrain rencontrer des citoyens.»

À la période de questions à l'Assemblée nationale, Mme Marois est d'ailleurs revenue sur l'enjeu en réclamant de nouveau le moratoire sur l'exploration et l'exploitation dans le domaine des gaz de schiste.

«Incapable d'écouter, incapable de répondre aux questions, c'est un gouvernement qui n'est même plus capable d'aller lui-même à la rencontre des citoyens sur des enjeux de première importance», a-t-elle déclaré, en qualifiant le gouvernement de «brouillon».

Selon elle, la population se pose la question: «Où sont les personnes qui devraient répondre et défendre surtout les premiers intérêts de la population? Pourquoi, hier soir (mardi), ni la ministre des Ressources naturelles et de l'Énergie, ni le ministre du Développement durable n'ont daigné se présenter devant les citoyens pour répondre à leurs questions?»

Le PQ a aussi demandé au gouvernement de consulter le commissaire au développement durable.

En réplique, le premier ministre a répété que six lois et règlements encadrent déjà l'industrie et qu'un mandat a été confié au BAPE.

«Il n'y a aucune raison de croire que les Québécois ne sont pas capables de faire aussi bien, avec autant de rigueur, ce qu'ils ont fait dans le passé lorsqu'ils ont choisi de développer leurs ressources naturelles», a argué Jean Charest.