Les usines d'épuration de la région visée par le développement de l'industrie du gaz de schiste, entre Montréal et Québec, ne suffiront pas à la tâche de traiter les eaux usées.

C'est ce qu'a indiqué le ministère des Affaires municipales au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), qui se penche sur le développement durable de l'industrie du gaz de schiste.

Selon Alain Roseberry, chef d'équipe du suivi du programme d'infrastructures au MAM, il reste très peu de capacité pour traiter les eaux de rejet de l'industrie dans la douzaine de stations d'épuration adaptées à un apport industriel dans la région.

«Si plus tard on arrive avec des gros volumes d'eaux usées, avec 250 forages par année, il n'y aura pas assez de stations d'épuration pour traiter ces eaux-là», a dit M. Roseberry.

L'extraction du gaz emprisonné dans les schistes gazéifères nécessite la fracturation de la roche. Cette fracturation est obtenue en injectant à très forte pression un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques. Une partie de cette eau, environ la moitié, remonte à la surface. Elle doit être traitée si elle n'est pas réutilisée.

Chaque forage nécessite six fracturations, et chaque fracturation utilise 8000 mètres cubes d'eau. «L'industrie dit qu'elle veut recycler le plus d'eau possible, ce qui est la solution la plus souhaitable», a indiqué pour sa part Isabelle Guay, du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP).

L'entreprise Talisman, qui a des activités gazières en Colombie-Britannique en plus d'être le plus important acteur gazier au Québec, affirme recycler 100% de son eau. «On s'attend à faire la même chose au Québec», dit Phoebe Buckland, porte-parole de Talisman.

En Colombie-Britannique, le gouvernement provincial a suspendu la semaine dernière tous les prélèvements d'eau de l'industrie gazière, à cause de la sécheresse qui sévit dans la région de production, dans le nord-est de la province.

Par ailleurs, M. Roseberry a ajouté que les installations municipales ne sont pas conçues pour traiter les polluants industriels. «Il peut y avoir des produits qui sont passés carrément à travers le traitement, a-t-il dit. Mais à savoir s'il a pu y avoir un impact sur l'environnement, on ne le sait pas. On ne connaît pas tous les produits.»

Toujours selon un scénario de 250 forages, même si les quantités de produits chimiques sont faibles en proportion, comme l'industrie aime le souligner, au total, ce sont des dizaines de millions de litres d'additifs qui devraient être traités.

Selon le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, il n'y a pas eu de rejet d'eaux de fracturation dans les stations municipales par l'industrie en 2010. Dans les années précédentes, «des petites quantités ont été acceptées et il n'y a pas eu d'impact sur la capacité de traitement».

Comme le MDDEP l'indiquait plus tôt cette semaine, on ne peut dire s'il y a eu des problèmes par le passé. Mais le travail d'analyse est commencé pour l'avenir. «On fait l'analyse des produits pour leur impact sur la vie aquatique, la santé humaine, pour tous les effets potentiels, dit Isabelle Guay, du MDDEP. Pour les produits qui ne sont pas normés, on demande à l'industrie de faire des tests de toxicité.»