Les réserves de gaz de schiste du Québec permettent d'envisager son exportation, selon le ministère des Finances du Québec, qui a fait une présentation hier au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.

Dans son scénario, le Ministère prévoit que le forage annuel de 250 puits permettra de dépasser les besoins québécois dès la 7e année après le lancement de la phase commerciale de l'industrie.

«Éventuellement, ça pourrait permettre d'augmenter la consommation de gaz intérieure, ou on pourra choisir de l'exporter», a dit Luc Monty, sous-ministre adjoint à la politique budgétaire au ministère des Finances.

M. Monty a ajouté que le Québec modifierait son régime de redevances sur la production de gaz naturel selon le modèle de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Dans ces provinces, le taux des redevances varie avec le prix du gaz.

Avec le régime actuel de redevances, le Québec retirerait 230 millions par année après 16 ans, quand la production approcherait des 400 milliards de pieds cubes, soit deux fois la consommation actuelle.

Le ministère des Finances prévoit moins de création d'emplois que l'industrie: 6100 emplois si l'industrie atteint le rythme de 250 forages par année, contre plus de 8250 selon l'industrie, dans l'étude de la firme Secor.

Une porte-parole de l'industrie, Hope Deveau-Henderson, a affirmé qu'une étude en Pennsylvanie avait démontré que le taux de chômage variait d'un comté à l'autre en fonction du nombre de forages.

Elle a ajouté toutefois que le seuil de rentabilité du gaz québécois était plus élevé que celui d'autres gisements: 5,20$ à 5,40$ par millier de pieds cubes, contre moins de 4$ pour le gisement Marcellus en Pennsylvanie. Le ministère des Finances convient avec l'industrie qu'il faut tenir compte de la rentabilité des puits dans l'établissement du taux de redevances.

Mais selon Scott Sobie, vice-président de Talisman, ce sont des chiffres très préliminaires. «Jusqu'à maintenant, nos résultats au Québec sont moins bons que dans le Marcellus, dit-il. Le taux de production initial est plus bas. Mais on s'attend à ce que cela s'améliore avec l'expérience. On dit dans notre industrie que nos premiers puits sont souvent nos plus mauvais.»