Avec un encadrement réglementaire approprié, il est possible d'exploiter le gaz de schiste avec un minimum d'impact sur l'environnement, selon John P. Martin, un expert travaillant pour une agence gouvernementale de l'état de New York.

M. Martin était l'invité de l'Association pétrolière et gazière du Québec, dont le congrès annuel se terminait hier.

Première étape, la plus importante selon M. Martin, la réglementation du choix et de la préparation des lieux de forage. «Si on ne fait pas le bon choix, on se retrouve avec des problèmes comme en Pennsylvanie, où des décisions incroyablement mal avisées ont été prises» de la part de l'industrie, a affirmé M. Martin.

Ensuite, il faut réglementer le forage et la fracturation, y compris la méthode de coffrage, ce qui n'était pas le cas en Pennsylvanie, dit-il.

L'organisme pour lequel il travaille, le New York State Energy Research and Development Authority, conseille l'état dans sa révision de la réglementation gazière. Cette révision, commencée en 2008, pourrait se terminer au printemps 2011 par l'adoption d'un nouveau chapitre de 1200 pages portant exclusivement sur les impacts et l'encadrement de la fracturation hydraulique massive, la technique qui permet d'exploiter les gisements de schiste gazéifère.

Ce document promet de devenir une référence dans le domaine, avec ses dizaines de documents techniques en annexe et ses centaines de références scientifiques.

Dans l'intervalle, les permis de fracturation massive sont donnés au cas par cas dans l'état de New York, après une étude d'impact spécifique, ce qui équivaut presque à un moratoire.

Selon M. Martin, le projet de réglementation a suscité 13 000 commentaires. «On doit y répondre un à un», dit-il.

M. Martin comprend par ailleurs la démarche de la Ville de New York, qui a interdit tout forage dans la région des montagnes Catskills où elle puise, sans filtration, son eau potable. Dans un rapport de 2009, la Ville estimait que les risques de déversement accidentels rendaient l'activité gazière incompatible avec la protection de sa ressource en eau.

Il faut dire que la Ville de New York profite d'une exception fédérale qui lui permet de faire l'économie d'une usine de filtration, dont le coût dépasserait les 15 milliards.

Ailleurs, où l'eau de surface est filtrée, ou encore provient des puits artésiens, il s'agit de bien encadrer l'industrie afin que les risques de déversement et de contamination soient minimisés. «Par exemple, nous allons exiger un deuxième bassin de rétention sur chaque plate-forme de forage, en cas de débordement dû à de fortes pluies», dit M. Martin.

L'État de New York va aussi exiger l'industrie de lui divulguer tous les produits chimiques utilisés dans chaque opération de fracturation, tout en laissant la possibilité pour l'industrie de protéger son secret commercial. «Mais l'industrie peut et doit choisir des produits moins nocifs», dit-il.

La veille, un autre expert, Ed Ireland, du Barnet Shale Energy Education Council, au Texas, a indiqué comment l'industrie a dû s'adapter pour être capable de faire des forages en milieu urbain. Dans la ville de Fort Worth, un comité composé de citoyens, d'élus et de représentants de l'industrie a rédigé un règlement pour atténuer les inconvénients. Depuis, dit M. Ireland, les plates-formes de forage sont entourées d'écrans sonores. Dans certains cas, les fracturations sont interdites la nuit. Les entreprises doivent aussi faire approuver leur plan de camionnage.