Une vache est-elle plus polluante qu'un puits de gaz?

Vendredi, la ministre Nathalie Normandeau a affirmé: «Une vache émet plus de CO2 dans l'atmosphère qu'un puits. C'est factuellement prouvé. Alors, est-ce qu'on peut arrêter de faire de la démagogie?»

Mais les propres chiffres du ministère des Ressources naturelles et de la Faune contredisent la ministre Normandeau, selon Nature Québec.

Selon deux agronomes membres de l'organisme, il faudrait 107 vaches pour émettre autant de gaz à effet de serre sous forme de méthane que trois des puits de gaz pour lesquels le Ministère a diffusé des données la semaine dernière. «À partir de l'analyse de trois puits, sur les trente et un qui ont été inspectés et pour lesquels les données sont assez complètes pour faire l'exercice, les agronomes, Jeanne Camirand et Jérémie Vallée, ont évalué que les fuites observées dans ces trois puits équivalent aux «émanations» de méthane de 107 vaches», affirme Nature Québec.

Cette comparaison bovine circulait déjà la semaine dernière dans l'industrie gazière, en réponse à la controverse suscitée par les informations sur les problèmes d'émanation des forages gaziers. La Presse avait invité un porte-parole de l'industrie à étayer ses prétentions, mais notre demande avait été sans suite.

La comparaison demeure boiteuse, selon Nature Québec, qui «met sérieusement en doute la pertinence de comparer des vaches qui servent à nous nourrir à des gaz provenant de fuites non prévues, d'une exploitation dont les risques globaux sur l'environnement et la santé sont encore mal connus».

L'organisme ajoute que les émissions de gaz d'un cheptel bovin proviennent surtout des «rots». «On parle souvent par erreur des «pets de vache»», précise Mme Camirand. Nature Québec propose de pousser le raisonnement jusqu'au bout, en favorisant la récupération du méthane produit par les fumiers, avant de permettre l'exploitation des énergies fossiles à raison de 5000 ou 10 000 puits de gaz.

Selon le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, une ferme laitière pourrait ainsi produire suffisamment de méthane pour alimenter en électricité cinq résidences.