Loin d'être ponctuelle et locale, la pollution attribuable à l'exploitation du gaz de schiste a des effets régionaux et durables, selon l'une des premières études sur le sujet, publiée récemment aux États-Unis.

Cette étude a été réalisée pour tenter de prédire les impacts sur la qualité de l'air de la mise en exploitation du gisement Haynesville, qui se situe dans le nord-est du Texas et le nord-ouest de la Louisiane.

L'étude ne porte donc pas sur la pollution observée, mais sur une projection basée sur différents scénarios d'exploitation.

Les chercheurs ont estimé l'impact de la pollution produite par la machinerie utilisée pour le forage et la fracturation et par d'autres équipements, comme les compresseurs. L'étude ne tient pas compte des émanations produites par les bassins de remisage des eaux de fracturation.

Les auteurs ont présumé qu'il y aurait entre 600 et 2000 forages par année dans la région, soit de 2 à 4 fois plus que les scénarios qu'évoque l'industrie pour le Québec. La superficie du gisement de Haynesville est comparable à celle qu'occupe le shale d'Utica au Québec.

Résultat: les polluants qui contribuent au smog augmenteraient de façon significative dans la région et se répandraient même dans les États voisins.

«L'exploitation du gisement de Haynesville soulève des inquiétudes sur la future qualité de l'air au Texas et en Louisiane, concluent les auteurs. Cette analyse suggère que, même à un rythme relativement lent, l'exploration et l'exploitation du shale de Haynesville (...) rendront plus difficile le respect des normes de qualité de l'air» dans la région.

Réalisée par la firme Environ International, l'étude a été acceptée pour publication dans la revue Environmental Science and Technology. Elle a été commandée par la Northeast Texas Air Care, une association des responsables de la qualité de l'air dans les municipalités de la région, avec l'aide du gouvernement texan.

L'Institut de recherche en santé publique du Québec (INSPQ) a pris connaissance de l'étude. Elle a toutefois paru trop tard pour faire partie du rapport soumis au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) au début du mois.

La porte-parole de l'INSPQ, Stéphanie Ménard, a indiqué que l'étude texane serait «prise en considération au moment opportun», comme «toutes les études scientifiques en lien avec le gaz de schiste et ses impacts sur la santé».

«Il manque trop d'informations essentielles au Québec pour qu'on puisse faire une évaluation efficace de ces risques», dit-elle.

Selon l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQLPA), il faut s'inquiéter du fait que l'industrie du gaz veuille s'installer dans une région comme la Montérégie, qui connaît déjà des épisodes de smog.

La Presse a invité l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) à commenter l'étude, sans succès.