Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, a vanté les vertus du gaz de schiste, hier, devant la chambre de commerce de Montréal, tout en déplorant les «lacunes» de l'industrie.

«Les mathématiques sont faciles, a-t-il dit. Il faut améliorer la balance commerciale du Québec et réduire notre dépendance au mazout. Le Québec en importe pour 13 milliards et l'industrie gazière peut nous aider pour 2 milliards.»

Hier, plusieurs médias ont fait état des avis d'infraction émis par le MDDEP contre différentes entreprises, en particulier Talisman pour le puits qu'elle tente de colmater à Leclercville.

Selon le ministre Arcand, ces infractions ne sont pas une raison pour décréter un moratoire sur l'exploitation du gaz de schiste, comme le demandent des groupes écologistes, des comités de citoyens et, jeudi encore, l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.

«On a des inspecteurs; on surveille ce qui se passe, a-t-il dit. Les industries ne sont pas des adversaires. On doit cependant être très vigilant.»

M. Arcand a affirmé que les lacunes de l'industrie du gaz de schiste ne doivent pas empêcher l'atteinte d'un consensus social sur cette ressource. «Les fuites qui ont été constatées au cours des inspections, et il y en a eu 70, indiquent clairement des lacunes dans l'exécution des travaux. Comme je l'ai déclaré, et comme l'a déclaré le premier ministre, l'exploitation du gaz de schiste se fera correctement ou elle ne se fera pas.»

Mais, citant les choix que les Québécois doivent faire en matière énergétique, il a souligné que «même l'éolien est controversé» et a appelé «à un meilleur consensus sur cette question».

Cela ne l'a pas empêché de brosser dans son discours un portrait du Québec en 2050 où le gaz de schiste était complètement absent, contrairement aux énergies vertes, dont le biométhane, une solution de rechange au gaz de schiste.

L'AQLPA persiste et signe

Devant les infractions constatées par le MDDEP, l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a de nouveau revendiqué un moratoire. «Il faut tout arrêter sans attendre, dit André Bélisle. Voilà qui confirme encore une fois et sans équivoque l'urgence de mettre un terme à toute activité d'exploration en sol québécois.»

Des citoyens de Leclercville ont pour leur part demandé la fermeture pure et simple du puits défectueux de Talisman.

De son côté, le groupe écologiste Équiterre invoque un «bris de confiance avec l'industrie gazière» et affirme qu'un moratoire est «urgent». «Ces bévues répétées démontrent qu'il nous faut un temps d'arrêt pour évaluer cette filière et les façons de faire», a déclaré Steven Guilbeault, coordonnateur général adjoint d'Équiterre. «Il faut prendre le temps d'évaluer les avantages et les inconvénients, et se demander si le Québec veut de cette filière énergétique.»