Avec presque 40 jours de smog par année, la Montérégie ne peut se permettre la pollution additionnelle qui viendrait avec l'industrie du gaz de schiste, selon l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQLPA).

«Il ne faut pas ajouter de la pollution au moment où il faudrait la réduire», a déclaré André Bélisle, président de l'AQLPA, en conférence de presse ce matin à Montréal.

L'organisme cite une étude prospective réalisée dans une région du Texas et de la Louisiane où la production de gaz de schiste a commencé en 2008.

Cette étude, révélée le mois dernier par La Presse, conclut que la pollution attribuable à l'exploitation d'un gisement de gaz de schiste a un effet durable et régional sur la qualité de l'air, et non un impact local et ponctuel, comme l'affirme l'industrie.

Selon l'étude texane, réalisée pour le compte d'un regroupement de responsables municipaux de la qualité de l'air, la pollution en provenance de l'équipement de forage et de fracturation, pour l'essentiel des génératrices et des compresseurs diesel, se répand dans toute la région et même au-delà.

Selon l'AQLPA, le Québec n'est pas prêt à accueillir une nouvelle industrie polluante, parce que sa réglementation n'est pas à jour et le nombre de stations de surveillance de la qualité de l'air est insuffisant.

«On a démantelé le réseau de surveillance de la qualité de l'air», dit M. Bélisle.

Il y a une quinzaine de stations dans la région de Montréal, mais seulement une poignée dans les régions où le gaz de schiste serait exploité, comme la Montérégie et le Centre-du-Québec.

Ces questions sont devenues d'une actualité brûlante au Texas, où plusieurs groupes pressent le gouverneur de l'État d'intensifier de toute urgence la surveillance de la qualité de l'air.

En outre, selon l'AQLPA, le Québec tarde à adopter son projet de règlement sur l'assainissement de l'atmosphère. Publié en 2005, il dort toujours sur les tablettes.

Entre temps, la pollution fait des victimes: 10 000 visites à l'urgence et 2000 décès y sont attribuables chaque année, dit l'AQLPA, citant des chiffres de la Santé publique.