L'exploitation du gaz de schiste présente des risques environnementaux certains, de sorte qu'il convient de développer prudemment cette filière, a prévenu vendredi Chris Twigge-Molecey, président de l'Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole, qui représente les professionnels de l'industrie.

«Je ne connais pas les spécificités du dossier au Québec, mais je sais que dans d'autres régions du monde, beaucoup d'inconnues persistent en ce qui a trait à la production du gaz de schiste», a souligné M. Twigge-Molecey à l'issue d'un discours prononcé à la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal.

«Il reste à voir si les enjeux environnementaux peuvent être gérés», a-t-il ajouté, avant d'évoquer les problèmes survenus dans le cadre de l'exploitation du gaz de schiste en Pennsylvanie.

«Ce qui est certain, c'est que (l'extraction du) gaz de schiste nécessite beaucoup d'eau, alors (les entreprises) doivent mettre en place des technologies de recyclage de l'eau. Celles-ci existent déjà, alors ce n'est pas une question technologique, mais économique.»

Le problème est particulièrement délicat dans les régions rurales, où se concentre l'exploration du gaz de schiste au Québec, puisque l'industrie agricole consomme elle aussi de grandes quantités d'eau, a relevé l'expert, qui est également cadre chez Hatch, une firme ontarienne d'ingénierie active à travers le monde.

«L'eau n'est pas une ressource illimitée», a-t-il rappelé.

Chris Twigge-Molecey a tout de même fait remarquer que le Texas exploite le gaz de schiste depuis des années, ce qui a permis à l'industrie d'acquérir une vaste expérience en la matière.

La clé, a-t-il indiqué, c'est de bien connaître la géologie des régions où l'on fore. Les différents sous-sols ne réagissent pas tous de la même façon à la mise en place d'un puits et les risques de fuite varient largement d'un endroit à l'autre.

«Comme chaque fois qu'on se lance dans quelque chose de nouveau, il faut faire des tests, évaluer la situation adéquatement, la surveiller adéquatement, puis aller un peu plus loin. Si ça tourne mal, il faut arrêter. Si ça va bien, continuer.»

Tout en précisant qu'il n'était pas un lobbyiste pour l'industrie, M. Twigge-Molecey a tenu à mettre en garde Québec concernant la future législation qui encadrera le gaz de schiste ainsi que la réforme de la Loi sur les mines.

«Si les lois sont guidées par l'émotion, les opinions et des faits anecdotiques, c'est mauvais», a tranché l'ingénieur.

L'ancien premier ministre Lucien Bouchard, qui deviendra président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, devait assister à l'allocution de Chris Twigge-Molecey, mais il a annulé sa présence à la dernière minute pour une raison inconnue.

Plaidoyer pour l'industrie

Dans son discours, M. Twigge-Molecey a livré un vibrant plaidoyer en faveur de l'exploitation minière, lançant en boutade que même les opposants de l'industrie en avaient besoin puisqu'ils utilisent abondamment les téléphones cellulaires, qui contiennent des dizaines de minéraux différents.

Il a convenu que le principal défi des sociétés minières était de répondre à la demande mondiale croissante avec des projets rentables qui sont acceptables socialement et écologiquement. Tout cela prend du temps: le délai entre la découverte d'une ressource et le début de son exploitation est de 22 ans en moyenne.

Chris Twigge-Molecey a soulevé le syndrome du «pas-dans-ma-cour» et les revendications territoriales des autochtones. À moins que les entreprises les abordent «adéquatement», ces réalités posent «un énorme obstacle pour amener les métaux et les minéraux sur les marchés», a-t-il déploré.