Le ministre Pierre Arcand saura lundi quel avenir l'industrie du gaz de schiste peut espérer au Québec, mais la population, elle, risque de devoir se montrer patiente avant d'avoir l'heure juste.

Le ministre du Développement durable aura alors entre les mains le rapport tant attendu du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le gaz de schiste.

À partir de lundi, donc, la pression sera forte sur lui pour qu'il rende public sans tarder le document.

Mais il peut, s'il le désire, prendre tout son temps. Le ministre Arcand aura 60 jours à sa disposition, donc en principe jusqu'à la fin avril, pour publier le fameux document.

Il y a fort à parier que Québec ne pourra résister longtemps à la pression et devra publier le document et, surtout, indiquer rapidement dans quelle mesure il appliquera les recommandations qu'il contient.

Jusque-là, l'industrie du gaz de schiste, désormais représentée par l'ex-premier ministre Lucien Bouchard, retiendra son souffle.

Car tant que les conclusions du BAPE ne seront pas connues, la possibilité de voir cette industrie devoir retirer ses billes pour cause de moratoire sera bien réelle.

Jusqu'à maintenant, rien n'a filtré des conclusions du BAPE.

Chose certaine, le processus est en marche dans les délais prévus. Une porte-parole du BAPE a indiqué que l'organisme avait fait ses devoirs et remettra son rapport au ministre ce lundi, selon l'échéance imposée.

Pour sa part, le cabinet du ministre Arcand a soutenu que ce dernier ne s'engageait d'aucune façon à rendre public le rapport dès cette semaine. Il prendra le temps requis pour le lire, et faire analyser les recommandations qu'il contient par les fonctionnaires du ministère.

Mais il souhaite le rendre public le plus promptement possible, a indiqué une porte-parole.

Pour l'instant, donc, aucune date n'est fixée, ni aucune activité de presse prévue.

Rappelons que c'est à la fin du mois d'août, alors que les manifestations de colère de citoyens inquiets se multipliaient, que le ministre Arcand annonçait qu'il demandait au BAPE de lui soumettre des recommandations dans ce dossier très controversé.

Le BAPE n'a cependant pas reçu le mandat de se prononcer sur le fond, soit pour ou contre l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste au Québec.

Son mandat, plus pointu, ne vise en fait qu'à circonscrire la meilleure façon «d'encadrer» le développement de cette industrie, dans le respect de l'environnement. Il reste à savoir si les commissaires prendront quelque liberté, en se prononçant quand même sur le bien-fondé de cette industrie au Québec.

Pour mener à bien son mandat, le BAPE a pu mener des audiences publiques auprès des populations des régions directement concernées, soit celles de Chaudière-Appalaches, du Centre-du-Québec et de la Montérégie.

Au fil des mois, devant le tollé soulevé dans la population et la multiplication d'incidents sur les sites de forage, le gouvernement, au départ très favorable à l'exploitation de cette ressource, a été amené à réviser sa position.

Auparavant ardent défenseur du gaz de schiste, le ministre Arcand faisait volte-face, le 21 janvier, et n'excluait plus l'idée d'un moratoire sur l'exploration et l'exploitation de cette filière.

Se disant extrêmement préoccupé par des fuites de gaz survenues dans des puits de la région de Lotbinière, il disait juger que l'industrie ne contrôlait tout simplement plus la situation.

Il y a présentement une trentaine de puits en activité au Québec.