La question du gaz de schiste, de son impact économique et de son rôle dans le bilan énergétique du Québec devrait être soumise à la Régie de l'énergie.

C'est l'une des nombreuses recommandations du rapport du Bureau parallèle d'audiences publiques sur l'environnement, rédigé par une équipe d'experts et de bénévoles sous la direction de Denis L'Homme, ex-sous-ministre des Ressources naturelles, réunis par le groupe MCN21 (Maître chez nous 21e siècle).

Ce rapport, basé sur les informations présentées au véritable Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), devait être envoyé aujourd'hui au ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand.

Il représente un effort sans précédent d'expertise populaire, dans l'histoire récente du BAPE. Généralement, les interventions au BAPE se limitent à un mémoire.

C'est aujourd'hui que le BAPE remet son propre rapport sur le «développement durable de l'industrie du gaz de schiste» au ministre Arcand. Celui-ci a 60 jours pour le rendre public. Il a indiqué lors d'une entrevue à la station de radio 98,5 qu'il comptait le faire «à la fin mars», un mois avant l'échéance.

Le rapport du Bureau parallèle, de plus de 120 pages, recommande d'actualiser la politique gazière du Québec, à la lumière de la découverte au Québec du gisement de gaz de schiste, au printemps 2008. Le rapport note que la politique énergétique du Québec date de 2006.

«L'actualisation de la politique gazière ne présente aucune difficulté... puisque les approvisionnements gaziers ne sont aucunement menacés à court et moyen terme», affirme le BAPE parallèle en se basant sur une étude approfondie de la question réalisée l'an dernier en Ontario.

Le BAPE parallèle ajoute que la «justification économique» du projet d'exploitation du gaz de schiste au coeur du Québec agricole «est difficile à établir».

En outre, «trois enjeux majeurs» doivent être étudiés plus à fond avant d'aller de l'avant: «les risques pour la santé» de la population et les écosystèmes liés à l'approvisionnement en eau, «l'impact d'une activité industrielle lourde sur les activités et industries déjà en place tels le tourisme et l'agriculture», et enfin, la révision du «cadre légal et réglementaire».

Le rapport «parallèle» remet en doute les avantages environnementaux du gaz et sa capacité à remplacer le mazout lourd ou léger.

On recommande aussi de confier à la Régie de l'énergie l'examen de toutes les solutions de rechange au gaz, y compris la production de biométhane, dont les avantages environnementaux sont indéniables. Selon le rapport «parallèle», le potentiel québécois de production de biométhane serait suffisant pour remplacer la moitié de la consommation québécoise de gaz naturel.