Les groupes écologistes et les municipalités du Québec ont, dans l'ensemble, accueilli favorablement les grandes lignes du rapport du BAPE et les propos du ministre de l'Environnement, Pierre Arcand. Mais il faut aller encore plus loin, soutiennent certains d'entre eux. «Le BAPE et le ministère de l'Environnement ont sauvé les meubles. C'est un pas dans la bonne direction. On n'est pas loin du moratoire», estime André Belisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

Jean Baril, avocat spécialisé en droit de l'environnement, estime que le BAPE s'est rangé à l'avis de plusieurs observateurs au sujet du manque d'information sur les impacts environnementaux et sanitaires de l'exploration et de l'exploitation de cette ressource. «Ils partagent ce qu'on était venus dire aux audiences du BAPE: on ne peut être ni totalement pour, ni totalement contre l'exploration et l'exploitation sur la base des informations actuelles, et le rapport propose des choses intéressantes pour l'accès à l'information.»

L'Union des municipalités du Québec (UMQ) se réjouit de voir que les municipalités seront associées à l'évaluation recommandée par le BAPE. «Le BAPE recommande de nous donner un rôle pour encadrer l'industrie, peut-être avec le zonage. On aura aussi une place dans les comités qui suivront les études», dit Éric Forest, président de l'UMQ.

Soulagement également du côté de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), rassurée de voir que le BAPE a tenu compte des inquiétudes concernant la pollution des nappes phréatiques. «L'industrie banalisait l'impact de la fracturation sur l'eau, mais le BAPE lui demande de fournir la liste des produits chimiques. C'est une bonne chose», estime son président, Bernard Généreux.

Inconnues

Il reste encore de nombreuses inconnues, notamment quant à la formation du comité qui sera chargé de l'évaluation. «La mise en oeuvre de l'évaluation est moins claire. C'est dans les détails que se cache le diable, et on peut avoir de mauvaises surprises» dit, prudent, Jean Baril.

Si le rapport du BAPE contredit la stratégie longtemps défendue par la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, il faut à présent aller plus loin, soutient Daniel Breton, président de Maîtres chez nous-21e siècle. «Il faut revoir la stratégie énergétique du gouvernement au complet, soutient-il. Le gouvernement montre que, sur ce point, il n'a aucune compétence.» Greenpeace partage son opinion: «Avant de se demander comment encadrer cette filière, il fallait se questionner sur sa pertinence même», dit sa porte-parole, Virginie Lambert-Ferry.

Le rapport du BAPE a suscité quelques réactions contradictoires du côté de l'industrie. Qualifiant l'annonce de ministre Pierre Arcand de «moratoire déguisé» et de «victoire du pas-dans-ma-cour», la Fédération des chambres de commerce du Québec croit que le gouvernement envoie le mauvais message aux investisseurs. À l'inverse, le Mouvement d'appui aux gaz de shale, formé de sous-traitants employés par l'industrie, est plutôt favorable au rapport du BAPE.