La France semble sur le point de fermer la porte au gaz de schiste.

Avec le dépôt d'un projet de loi du parti de centre droit UMP, il y a maintenant une majorité de députés français qui prônent l'interdiction totale de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste en France. Le Parti socialiste avait lui aussi déposé son propre projet de loi en ce sens.

En tout, 328 députés français de gauche comme de droite sont maintenant contre l'exploitation du gaz de schiste, une confortable majorité.

En mars 2010, l'État français a accordé plusieurs permis d'exploration de gaz de schiste, notamment à Total et à GDF Suez. L'automne suivant, quand la population française a pris conscience de l'existence de ces permis, il y a eu une levée de boucliers.

Puis, en février dernier, la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé, de concert avec l'industrie, le report de tous les travaux gaziers en attendant un rapport scientifique qu'elle venait de commander et qui était attendu le 31 mai. La ministre semble donc avoir été prise de vitesse par les députés.

L'UMP invoque «l'application du principe de précaution prévu à l'article 5 de la Charte de l'environnement» pour interdire «l'exploration et l'exploitation (...) d'hydrocarbures liquides ou gazeux non conventionnels, par des forages verticaux comme par des forages horizontaux suivis de fracturation hydraulique de la roche».

De son côté, le Parti socialiste souligne que «les permis d'exploration ont été accordés aux entreprises sans concertation préalable avec les habitants concernés».

«Si ces permis d'exploration signés depuis quelques années par le ministre responsable des mines posent d'importantes questions d'ordre économique, sanitaire et environnemental, l'opacité qui a entouré la délivrance de ces permis d'exploration exclusifs met également en évidence de graves problèmes de gouvernance», affirme le Parti socialiste en justification de son projet de loi.

La formation ajoute que le code minier français stipule que les activités gazières échappent à l'application des principales protections prévues par les lois françaises sur l'environnement.

En entrevue à l'agence Reuters, hier, l'écologiste et député européen José Bové s'est déclaré «ravi» de la tournure des événements. «Cette annonce est un geste positif, mais cela pouvait difficilement être différent puisque la France des terroirs avait dit massivement non cet hiver à ces projets d'exploitation et que les membres du Parlement avaient relayé ce refus massif vers Paris», a-t-il ajouté.