La grande marche en faveur d'un moratoire sur les gaz de schiste «n'est qu'un début»: prêts à la désobéissance civile, les militants menacent de s'attacher aux équipements de forage et de bloquer les camions si les activités d'exploration et d'exploitation vont de l'avant au Québec.

En provenance de Rimouski, les marcheurs ont fait halte devant l'Assemblée nationale à Québec lundi matin, avant de reprendre la route en direction de Montréal.

Un de leurs porte-parole, Philippe Duhamel, a soutenu que la marche n'est «qu'un début», que des formations à la «résistance citoyenne» seront données, pour l'organisation de «sit-in» et d'occupations de sites. Paradoxalement, c'est le dirigeant d'une grande entreprise gazière active au Québec, Michael Binnion, de Questerre, qui leur a donné l'idée.

«Il (M. Binnion) a dit que s'il y avait le moindre risque que les gens s'attachent à l'équipement de forage, bloquent des camions, comme ces équipements coûtent 500 000 $ par jour à exploiter, il ne viendra pas au Québec, a expliqué M. Duhamel. Il croyait faire une menace, on croit quant à nous qu'il nous a donné la recette. À nous maintenant de réunir les ingrédients.»

Si le gouvernement Charest n'arrête pas l'industrie, «la population devra l'arrêter elle-même», en déduit M. Duhamel.

«Est-ce que les citoyens sont assez forts aujourd'hui pour faire contrepoids à une industrie gazière et pétrolière multimilliardaire? C'est ça la vraie question, et c'est à ça qu'on s'attardera au cours des deux prochaines années» en formant des citoyens à la désobéissance civile, a-t-il ajouté.

L'Association pétrolière et gazière du Québec, ainsi que la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, n'ont pas donné suite aux demandes d'entrevue concernant ces menaces.

La marche en faveur du moratoire a repris son cours. La trentaine de marcheurs parcourront plus de 600 km en longeant la vallée du Saint-Laurent, qui est particulièrement ciblée pour son potentiel de gaz de schiste.

Actuellement il n'y a pas de moratoire en place. L'activité des puits qui ont déjà été forés et fracturés continue, mais une évaluation environnementale stratégique est en cours, à la recommandation du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Des travaux d'exploration sont permis, mais sans fracturation hydraulique, un procédé controversé qui fissure la roche par injection d'un fluide sous haute pression, pour avoir accès aux gaz.

La fracturation hydraulique pourrait être autorisée exceptionnellement pendant la durée de l'évaluation environnementale, mais uniquement pour les travaux requis par l'évaluation environnementale, par exemple pour des fins d'acquisition de connaissances scientifiques, c'est-à-dire dans un environnement contrôlé et supervisé.

En mars dernier au Québec, il y avait 31 puits et 18 avaient déjà été fracturés. L'industrie du gaz de shale avait dépensé 200 millions $ au Québec pour divers travaux. L'industrie envisage 150 à 600 puits par année à compter de 2015.