Le gouvernement Charest tente de parer les coups avant une manifestation contre les gaz de schiste qui aura lieu demain au centre-ville de Montréal. Le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, a dénoncé certains arguments des opposants, mais aussi les propos d'un des leaders de l'industrie, qui «ont mis le feu aux poudres» et qui n'aident pas la cause du gouvernement.

En entrevue vendredi, M. Arcand se défend de reprendre le bâton du pèlerin, même s'il ne peut expliquer pourquoi il est difficile de convaincre les sceptiques.

«Il faudrait leur demander (...). Il y en qui sont carrément contre. Quelle que soit l'attitude du gouvernement, ils vont toujours être contre», a-t-il déclaré, en entrevue téléphonique.

Il soutient qu'il est «fatigué» et dérangé par les «faussetés» véhiculées des opposants, qui ne représentent selon lui qu'une minorité.

«D'abord, premièrement, ce n'est pas la population: je pense qu'il y a des gens qui essaient de parler très fort, a-t-il dit au sujet des groupes d'opposants. La très grande partie de l'opinion publique a accepté le rapport du BAPE, je pense que ça a été assez clair.»

Ce rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, déposé en février, a écarté l'option du moratoire réclamé par les opposants, mais préconisait une évaluation environnementale stratégique qui est en cours actuellement pour étudier plus à fond la question.

Le ministre défend le «sérieux» et la rigueur de la démarche. Sauf que les militants discréditent l'exercice ainsi que le comité en charge. Des groupes comme Mobilisation gaz de schiste reprochent au comité sa composition: huit des 11 sièges sont détenus par l'industrie et des hauts fonctionnaires.

«Je trouve qu'ils (les opposants) ont une vision très spéciale de la chose (...). (L'évaluation environnementale stratégique relève d'un) comité sérieux, formé par des gens qui connaissent ça.»

Aussi, il répète à qui veut l'entendre qu'aucune opération de fracturation n'est en cours actuellement et qu'il n'y en aura pas cet été, en dépit de ce que prétendent les opposants.

«Je trouve ça un peu particulier, on présente ça comme s'il y en avait partout au Québec, s'est insurgé le ministre. Si les entreprises décident de faire de la fracturation, elles sont encadrées comme pas une.»

Enfin, M. Arcand s'est montré particulièrement contrarié par les déclarations d'un des dirigeants d'une entreprise active au Québec.

Le grand patron de Questerre, Michael Binnion, a laissé entendre dans son blogue que l'évaluation environnementale stratégique était davantage une opération politique que scientifique, pour faire accepter les gaz de schiste à la population.

«Cela n'a peut-être pas aidé. Je suis un peu tombé en bas de ma chaise quand j'ai vu ça. Ça a mis le feu aux poudres.»