Une douzaine de séismes dans le nord-est de l'Ohio ont fort probablement été provoqués par l'injection souterraine d'eaux usées lors du forage de gaz de schiste, a indiqué vendredi le gouvernement de l'État, en annonçant de nouvelles mesures pour serrer la vis aux gazières en matière de fracturation.

Les entreprises devront dorénavant soumettre des données géologiques plus complètes au moment de déposer leur requête pour forer un site.

Les gazières devront aussi assurer un suivi électronique de la composition chimique de toutes les eaux usées injectées sous pression dans le sol pour fracturer la roche en vue d'en extraire le gaz naturel.

Le ministère des Ressources naturelles de l'Ohio a adopté ces nouvelles règles à la lecture des conclusions du rapport sur le puits de Youngstown, des conclusions qui sont basées sur un «certain nombre de circonstances concomitantes».

Les activités au puits de Youngstown avaient débuté trois mois avant le premier séisme, soulignent notamment les enquêteurs. Ils ont aussi remarqué que l'activité sismique se concentrait autour du trou de forage, et qu'une anomalie dans la roche précambrienne avait depuis été repérée à l'endroit où l'eau avait été injectée.

«Les géologues estiment qu'il est très difficile de réunir toutes les conditions pour provoquer des activités sismiques. En fait, toutes les preuves laissent croire que lorsque l'emplacement du puits est adéquat, l'injection n'entraîne pas de séismes.»

Le sous-sol du nord-est de l'Ohio et des États limitrophes recèle la formation géologique de schiste dite «Marcellus», où sont emprisonnées d'importantes réserves de gaz naturel.

Les compagnies gazières y affluent pour forer des puits en utilisant la technique de fracturation hydraulique.

Ce processus prévoit la libération du gaz en injectant de l'eau dans le sol, mais cette eau doit être évacuée une fois que les compagnies l'ont utilisée.

Les centrales municipales de traitement des eaux usées ne sont pas équipées pour retirer certains des contaminants se trouvant dans ces eaux, notamment les éléments radioactifs.

L'une des solutions à ce problème consiste à réutiliser cette eau usée en l'injectant à nouveau dans le sol -une pratique courante, mais qui est interdite dans certains États.

Selon des experts, de récents séismes sont attribuables à l'exploration et à la production d'énergie, notamment le fait d'injecter d'énormes quantités d'eaux usées dans les puits.

Ainsi, les scientifiques montrent du doigt des séismes de magnitude de 3 à 4 -pas assez puissants pour causer des dommages- qui ont eu lieu récemment en Arkansas au Texas, en Californie, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse.

Et deux séismes de magnitude d'environ 5,0 qui avaient touché Denver dans les années 1960 étaient liés à l'injection d'eaux usées. L'emplacement inadéquat du puits de Youngstown s'explique en partie par les données géologiques incomplètes mises à la disposition des autorités réglementaires, souligne-t-on dans le rapport de l'État d'Ohio.

Les nouvelles règles prévoient notamment que toute la diagraphie géophysique devra dorénavant être soumise aux autorités, afin de déterminer les propriétés des roches adjacentes du puits, ce qui n'avait pas été fait à Youngstown.

L'État veut aussi interdire toute fracturation dans la roche précambrienne, et interrompre la fracturation dans cette formation rocheuse là où elle est actuellement pratiquée. L'industrie devra aussi se munir de systèmes efficaces de contrôle de la pression et du volume d'eau injectée, et de valves de fermeture automatique d'urgence.

L'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a transféré à l'Ohio en 1983 son autorité sur les procédés d'injections souterraines de puits, pourvu que l'État n'adopte pas de normes moins élevées que celles de Washington.