Le comité qui étudie la possibilité d'exploiter le gaz de schiste au Québec renonce à ce qu'il y ait de nouvelles fracturations hydrauliques avant la publication de son rapport.

Lors de la création du comité, l'an dernier, il était prévu que de nouvelles fracturations de puits de gaz de schiste puissent être autorisées sur recommandation du Comité d'évaluation environnementale stratégique (EES), à des fins d'acquisition de connaissances scientifiques. Le Comité a indiqué hier matin que le contexte «social et économique» ne permet pas de prévoir qu'une entreprise fera une demande de permis pour une fracturation hydraulique avant le dépôt du rapport, prévu au plus tôt à l'automne 2013.

«On ne peut pas prévoir dans notre plan des études basées sur une nouvelle fracturation hydraulique, a dit le président du Comité, Robert Joly. On risquerait de manquer de données.»

Essais en laboratoire

Le Comité fera réaliser en laboratoire des essais qui permettront d'analyser les eaux de fracturation à partir d'un échantillon de schiste. Ces eaux de reflux doivent être analysées dans les heures qui suivent une fracturation. On n'a aucun échantillon analysable des eaux issues des 19 puits fracturés au Québec, car ces eaux ont été envoyées dans des usines d'épuration municipales.

Le Comité a dévoilé hier la version définitive de son plan de travail, après avoir reçu 500 commentaires.

Impact sur l'agriculture

L'étude mettra plus d'accent sur les impacts potentiels de l'industrie sur le monde agricole, en tenant compte de l'effet cumulatif des installations, y compris les gazoducs.

«Il faut regarder quel impact le développement de l'industrie pourrait avoir sur le territoire, par exemple sur 25 ans, dit M. Joly. Il faut voir comment ça se déploie dans le temps et dans l'espace.»

Bien que ce ne soit pas indiqué textuellement dans le plan, l'impact de l'industrie sur les valeurs des maisons sera aussi étudié. «C'est sûr que l'industrie peut causer une dévaluation, mais il pourrait aussi y avoir une augmentation de la valeur parce que l'activité économique augmente», affirme François Tanguay, membre du Comité.

Le Comité prévoit environ 70 études sur différents sujets.

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) continue de contester le mandat du Comité et sa composition. «On est très déçus parce qu'on ne regarde pas les solutions de rechange alors que ce devrait être la priorité. On nous dit qu'on ne se préoccupera pas du méthane, alors que c'est un gaz à effet de serre et qu'il participe au smog.»

L'EPA: UNE AUTORITÉ SOUS PRESSION

Le Comité accorde une grande importance à l'étude de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) sur l'impact du gaz de schiste sur les eaux souterraines, dont on attend la publication d'ici à la fin de l'année. «Les recommandations sur les techniques de construction des puits seront utiles pour établir la réglementation québécoise», affirme le géologue Michel Malo, membre du comité de l'EES.

La surveillance de l'EPA sur l'industrie est battue en brèche depuis quelque temps. L'Agence a annoncé qu'elle renonçait à poursuivre la gazière Range Resources, accusée en 2010 d'avoir contaminé l'eau souterraine. Elle va aussi revoir les tests qui ont montré que la fracturation hydraulique a pollué l'eau souterraine au Wyoming.

Les candidats républicains multiplient les attaques sur l'EPA et le président Barack Obama, qu'ils accusent d'entraver l'industrie gazière sous de mauvais prétextes.