Le président des États-Unis, Barack Obama, s'est invité dans la campagne électorale hier en critiquant la nature «destructrice» de l'industrie des sables bitumineux.

Le président américain a fait cette remarque dans le cadre d'une réunion publique en Pennsylvanie portant sur les questions énergétiques et plus particulièrement sur le projet de construction du pipeline Keystone XL.

Ce projet, évalué à 13 milliards de dollars américains, doit permettre de transporter du pétrole brut des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'au Texas. Les groupes environnementalistes des deux côtés de la frontière canado-américaine s'opposent vivement à ce projet.

«Ces sables bitumineux, il y a des questions sur leur nature destructrice, potentiellement, pour l'environnement et sur leurs dangers. Nous devons nous pencher sur toutes ces questions», a affirmé le président Obama.

L'administration américaine a demandé une nouvelle étude sur la sûreté du pipeline et l'impact des sables bitumineux sur les changements climatiques. Les autorités canadiennes ont donné le feu vert à la construction du pipeline, mais on attend toujours l'accord du département d'État américain.

Les propos du président surviennent après qu'il eut prononcé un discours dans lequel il soutenait que le pétrole canadien demeure une source fiable d'énergie pour les États-Unis.

Ce n'est toutefois pas la première fois que M. Obama exprime ses préoccupations au sujet de l'exploitation des sables bitumineux au Canada. Dans une entrevue à la CBC, en 2009, avant d'effectuer sa première visite officielle au Canada, il avait affirmé que le Canada devait travailler à réduire les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l'extraction du pétrole des sables bitumineux.

Les propos du président Obama surviennent alors qu'une coalition de maires de villes américaines presse les électeurs canadiens de questionner sans relâche les candidats au sujet des énergies propres qui pourraient remplacer le pétrole extrait des sables bitumineux de l'Alberta, a rapporté La Presse Canadienne hier.

Ces maires s'opposent au projet du pipeline Keystone XL. Jennifer Hosterman, la mairesse de Pleasanton, en Californie, a affirmé que ce projet était une mauvaise idée, faisant valoir qu'il augmenterait la dépendance des États-Unis au carburant de transport le plus polluant qui soit sur le marché. Certains maires américains soutiennent que l'empreinte de carbone du pétrole de l'Alberta est nocive pour l'environnement. Selon eux, un déversement de pétrole acheminé par le pipeline pourrait contaminer une importante source d'eau potable pour des millions de personnes dans plusieurs États du Midwest. Frank Cownie, le maire de Des Moines, en Iowa, a raconté qu'il y avait eu de vives discussions publiques au sujet de la protection d'un aquifère qui fournit de l'eau fraîche à huit États.

Ignatieff veut assainir l'industrie

Le chef libéral Michael Ignatieff a profité de cette sortie du président américain pour critiquer le bilan du gouvernement Harper en matière de protection de l'environnement. M. Ignatieff a estimé que des progrès importants devaient être faits rapidement, mais sans toutefois condamner l'industrie.

«La question des sables bitumineux, ce n'est pas un problème de communication, c'est un problème de substance, a dit M. Ignatieff. On émet trop de CO2, on utilise trop d'eau, on donne trop d'allègements fiscaux aux entreprises productrices.»

La solution, selon lui, passe par l'élimination de ces allègements fiscaux à l'industrie des sables bitumineux (prévue dans la plateforme libérale), l'instauration d'incitatifs pour que les entreprises investissent dans de nouvelles technologies pour faire baisser le niveau d'émission de CO2 et l'ajout de réglementations du gouvernement fédéral dans ses champs de compétence: gestion de l'eau et gestion de la faune.

«Je l'ai dit à plusieurs reprises, c'est une industrie avec un avenir brillant, mais il faut qu'elle assainisse ses pratiques.»

Michael Ignatieff n'a toutefois pas voulu répondre à la question soulevée par le président américain Barack Obama, sur la nature «destructrice» de l'exploitation des sables bitumineux canadiens.

«M. Obama est le président des États-Unis. Moi je pose la question que les Canadiens devraient se poser: pourquoi depuis cinq ans il n'y a eu aucune action de prise pour s'attaquer à ce problème environnemental», a conclu le chef libéral.