Une récente étude concluant que l'exploitation des sables bitumineux albertains n'augmenterait la température de la planète que de 0,03 degré a fait beaucoup jaser cette semaine au pays. Les écologistes estiment que l'étude, publiée par d'éminents climatologues canadiens, a été mal interprétée.

«Les auteurs ont eux-mêmes indiqué être contre l'exploitation des sables bitumineux», explique Steven Guilbeault, coordonnateur adjoint d'Équiterre. «Les gens qui ont minimisé l'impact des sables bitumineux comparent une sous-catégorie d'une sous-catégorie du pétrole avec le charbon dans son entier.

«Il aurait fallu prendre seulement une région productrice de charbon, la Virginie par exemple. De plus, il ne faut pas oublier que si on veut limiter les émissions de gaz à effet de serre dans un contexte nord-américain, les sables bitumineux sont très importants.»

Réserves «prouvées»

L'étude, publiée la fin de semaine dernière dans la revue Nature Climate Change, conclut que les projets actifs d'exploitation des sables bitumineux vont augmenter la température du globe de 0,01 degré Celsius si tout le pétrole en est extrait.

Si on tient compte de toutes les réserves «prouvées», l'augmentation est de 0,03 degré les réserves «prouvées» sont celles qu'il est possible d'extraire avec les technologies et les prix existants.

Si on présume qu'éventuellement, des progrès technologiques permettront d'extirper tout le pétrole présent dans les sables bitumineux, le gain va jusqu'à 0,36 degré. Le charbon, quant à lui, causera une augmentation de température de 0,92 degré avec les réserves prouvées et de 14,8 degrés avec l'ensemble des réserves.

À titre de comparaison, la Terre s'est réchauffée de 0,76 degré depuis 100 ans. L'augmentation de la température due à l'exploitation des sables bitumineux sera évidemment répartie sur tout le XXIe siècle.



L'immensité des réserves de carburants fossiles est l'aspect qui a le plus retenu l'attention de Bjorn Lomborg, le célèbre statisticien danois qui a publié L'environnementaliste sceptique en 2001. «On voit noir sur blanc qu'il y a abondamment de carburants fossiles», dit M. Lomborg en entrevue depuis Copenhague. «Les prix ne baisseront pas assez pour que les énergies renouvelables actuelles deviennent attirantes pour les consommateurs. Il faut investir massivement en R&D pour diminuer le coût des énergies renouvelables si on veut limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ceci dit, on doit aussi tenir compte de nos décisions dans l'immédiat et sur ce point, il est clair que le charbon ou le pétrole des sables bitumineux sont des choix plus dommageables que d'autres.»