La première usine montréalaise permettant de transformer les ordures ménagères en méthane devrait voir le jour en 2015 à l'emplacement de l'ancienne carrière Demix, à Montréal-Est.

C'est l'un des quatre projets totalisant 215 millions de dollars soumis à la consultation publique à partir de ce soir.

Selon Pierre Gravel, chef de division à la gestion des matières résiduelles à la Ville de Montréal, l'usine de la carrière Demix sera la première à démarrer parce que la Ville est propriétaire du terrain.

Dans toute l'île

«Quand on aura terminé la première usine à Demix, l'implantation de la collecte des résidus alimentaires pourra commencer dans toute l'île, progressivement», a dit M. Gravel à La Presse.

Une autre usine est prévue dans un secteur industriel de LaSalle. Les deux autres installations seront des centres de compostage. Un sera situé à Dorval, au nord de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, et l'autre au Complexe environnemental Saint-Michel, l'ancien dépotoir Miron.

Les deux usines de biométhanisation permettront de produire entre 4 et 5 millions de mètres cubes de méthane par année. Le méthane est la principale composante du gaz naturel. En termes d'énergie, un mètre cube de méthane équivaut environ à un litre d'essence. En remplaçant des carburants fossiles, le biométhane permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le biométhane est obtenu en enfermant les ordures dans un gros silo chauffé et en les laissant se décomposer en l'absence d'oxygène.

Un gaz composé à 70% de méthane et 30% de gaz carbonique est capté. Il est raffiné pour atteindre une teneur de 96% en méthane afin d'être injecté dans le réseau de distribution gazier.

Ce qui reste après la production de méthane est appelé digestat. Celui-ci a l'avantage d'être pasteurisé»: la biométhanisation élimine les bactéries néfastes comme la listeria. Le digestat peut être composté et utilisé comme engrais.

Consultation

La consultation, qui est lancée ce soir par l'Office de consultation publique de Montréal, porte sur quatre projets de règlement visant chacune des futures installations. Tous les projets nécessitent une dérogation au zonage.

Comme exigé par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP), la Ville a fait réaliser une étude sur les impacts d'odeurs.

Elle a dû réduire l'ampleur du projet à Saint-Michel, le seul qui se passe en partie à l'air libre. Les trois autres installations sont entièrement prévues à l'intérieur de bâtiments.

«À Saint-Michel, il y avait la proposition de traiter 37 000 tonnes, dont 12 000 à l'extérieur, dit M. Gravel. On a regardé trois scénarios: 0 tonne, 4000 tonnes et 12 000 tonnes par année. On s'est rendu compte que, jusqu'à 4000 tonnes, on pouvait contrôler les odeurs.»

Le compostage et la biométhanisation visent les résidus de jardinage et la partie des ordures ménagères qui n'est pas recyclée et qui s'en va d'ordinaire à l'enfouissement.

Actuellement, enfouir une tonne de déchets coûte 70$ à la Ville. Selon des estimations de 2010, les coûts pour le compostage de résidus de jardinage et des feuilles mortes sont de 65$ la tonne alors que la biométhanisation peut atteindre 120$ la tonne. Mais des économies pourront être faites sur le transport et il faut aussi tenir compte des revenus de la vente du gaz, affirme M. Gravel.

En 2010, le gouvernement du Québec a mis 650 millions à la disposition des municipalités pour réaliser ces projets. Le gouvernement fédéral y contribue également.