La population d'orques subit un taux de mortalité anormal dans le bras de mer du détroit de Puget, près de Seattle dans le nord-ouest des États-Unis. Pour tenter d'expliquer ce phénomène, des chercheurs ont étudié les excréments des cétacés et prélevé des échantillons de l'air expiré par les animaux.

Dans cette langue du Pacifique mordant dans l'État de Washington, sept orques ont manqué à l'appel cette année et sont présumés morts. «Nous perdons des animaux et nous ne comprenons pas exactement pourquoi», résume Brad Hanson, biologiste au département des pêches de l'Administration américaine océanique et météorologique (NOAA). Une équipe de scientifiques de l'association Global Research & Rescue a navigué aux côtés des orques, utilisant des boîtes de Petri fixées sur de longues perches pour capter l'air expiré par les cétacés. Ces échantillons ont ensuite été étudiés, à la recherche d'éventuels organismes nocifs.

Par ailleurs, les chercheurs de l'université de Washington ont étudié les excréments des 83 orques de la colonie du détroit de Puget à la recherche des hormones et toxines produites par le stress. Ce faisant, ils ont décelé des signes laissant penser que les mammifères souffrent de la faim.

En effet, les chercheurs ont trouvé un lien entre la mortalité des orques et leur faible niveau d'hormone thyroïdienne. Il s'agit de résultats préliminaires, non publiés, mais Sam Wesser, le directeur du Centre de biologie de l'université de Washington, estime qu'ils démontrent un important problème nutritionnel.

En mangeant peu, les orques font diminuer leurs réserves de graisse, où les toxines sont stockées, explique Katherine Ayres, une étudiante travaillant sous la direction de Sam Wasser. Ces toxines pénètrent alors dans l'organisme des cétacés et provoquent des troubles de santé, selon elle.

D'autres études ont prouvé que les orques préfèrent se nourrir des saumons chinook, une espèce considérée comme menacée ou en danger dans plusieurs secteurs du nord-ouest des États-Unis, notamment dans le détroit de Puget et le fleuve Columbia.

Les scientifiques essaient de mieux comprendre en quoi les migrations du saumon sont importantes pour les orques. Après avoir recueilli des écailles de poisson et d'autres restes de nourriture laissés par les cétacés, les chercheurs alimentent une base de données génétiques, qui leur permet d'identifier les espèces de manière beaucoup plus précise qu'il y a quelques années.

Le Centre de recherche sur les cétacés de l'île de San Juan prévoit aussi de marquer la population d'orques, avec des puces repérables par satellite, pour suivre leur migration d'hiver l'an prochain. Alors que ces animaux sont étudiés depuis plus de 30 ans, l'endroit où ils vont et ce qu'ils mangent lorsqu'ils quittent le détroit de Puget reste un mystère.

D'autres théories imputent la diminution de la population d'orques à la pollution maritime due au pétrole ou aux eaux usées, ou encore aux bruits perturbateurs provoqués par les navires, qui les empêcheraient de localiser leur nourriture.

Les partisans de la protection des cétacés soulignent que la mortalité excessive des orques constitue un signal d'alarme pour le détroit de Puget, signifiant que l'ensemble du milieu vivant dans cette zone est déstabilisé.