Les petits poissons ont cessé de manger les gros au large de la Nouvelle-Écosse, ce qui fait naître l'espoir d'un éventuel retour en force de la morue dans l'Atlantique, selon une recherche canadienne publiée dans Nature.

Depuis l'effondrement des stocks de morue au début des années 90 et la mise en place subséquente d'un moratoire sur la pêche, les communautés côtières du Canada atlantique espèrent un retour de cette espèce emblématique ainsi que d'autres poissons de fond comme l'aiglefin.

Selon certaines hypothèses scientifiques, la morue ne reviendra jamais, ce qui serait une des pires catastrophes écologiques de l'histoire du Canada. Mais ce n'est pas ce que concluent les chercheurs.

«À la question cruciale de savoir si ces dommages aussi profonds dans la dynamique de grands écosystèmes marins sont réversibles, la réponse est assurément oui», affirment les chercheurs de l'Université Queen's et de l'Institut océanographique Bedford, à Dartmouth, dans leur étude publiée cette semaine.

Ils constatent que des tendances néfastes pour les poissons de fond sont en train de s'inverser dans les eaux au large de la Nouvelle-Écosse.

Par exemple, des poissons fourragers qui ont remplacé les poissons de fond depuis 20 ans sont en déclin.

Au tournant des années 2000, à la faveur de la disparition de leurs prédateurs comme la morue, leur nombre s'était multiplié par neuf. À tel point que ces poissons, comme le capelan et le hareng, mangeaient les petites morues, une situation que les chercheurs appellent un «renversement prédateur-proie».

Mais depuis 2006, les stocks de poissons fourragers sont revenus à des niveaux comparables à ceux qui prévalaient avant l'effondrement du nombre de poissons de fond.

En parallèle, les poissons de fond capturés à des fins scientifiques sont de plus en plus gros pour leur âge. Les petits sont de plus en plus nombreux à survivre. Leur nourriture, composée d'animaux marins microscopiques (zooplancton), est plus abondante.

Méduses, pollution...

La masse d'adultes approche des niveaux pré-effondrement. En particulier, il y a plus d'aiglefins que jamais. Ils prennent leur revanche en mangeant les capelans et harengs, ce qui devrait accélérer leur retour.

Tout n'est pas gagné pour autant, notent toutefois les chercheurs. Dans plusieurs zones touchées par la surpêche, la prolifération de méduses et la pollution de source agricole retardent la reprise. Et dans les eaux au large de Terre-Neuve, plus froides, toute reprise sera naturellement plus lente. De plus, les changements climatiques pourraient brouiller les cartes.