Le gouvernement Charest a décidé d'épauler les centres de tri afin de les aider à faire face à l'effondrement du prix des matières recyclables, mais il refuse de leur verser de l'argent dans l'immédiat. La ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, a dévoilé hier les détails de son plan d'aide à l'industrie du recyclage, très attendu.

Les mesures, qui manquent d'ambition aux yeux des écologistes et du Parti québécois, s'appliqueront autant à court terme qu'à long terme.

Afin de répondre au principal problème, soit la baisse radicale du prix des matières recyclables depuis le mois de septembre, la ministre offre aux 38 centres de tri du Québec des garanties de prêt, mais pas de chèque comme tel.

«Ces garanties de prêt permettront aux centres de tri d'aller chercher des fonds de roulement, d'améliorer leurs liquidités», a précisé Mme Beauchamp. Elle a ajouté qu'une aide directe n'aurait pas été équitable pour certains centres.

Cela empêchera-t-il les centres les plus fragiles de fermer définitivement leurs portes? Non, répondent le Front commun pour une gestion écologique des déchets et le Parti québécois.

«Ceux qui doivent entreposer les matières aujourd'hui continueront à les entreposer demain, déplore le directeur du Front, Karel Ménard. Si la demande ne revient pas au cours des prochains mois, ils pourraient bien être obligés de fermer pour de bon.»

Même son de cloche du côté de l'opposition officielle: «Cela permettra-t-il de remettre à flot les centres qui sont déjà fermés ou ceux qui sont au bord de la fermeture? Absolument pas. Ce plan ne répond pas aux besoins les plus urgents, les plus criants», a indiqué le député péquiste Scott McKay.

Contrats

Le gouvernement souhaite par ailleurs apporter des amendements législatifs, au retour des députés à l'Assemblée nationale, afin que les villes puissent rouvrir les contrats signés pour le tri et les ajuster à la nouvelle situation économique.

Cette mesure vise à répondre aux problèmes engendrés par certains contrats signés dans les derniers mois. Des entreprises comme Tiru, Tricentris et Matrec ont en effet soumissionné à coût nul, acceptant de prendre gratuitement les matières recyclables des villes. Elles avaient alors calculé que les profits liés à la revente des matières seraient suffisants, une stratégie bien évidemment contredite par la baisse des prix des matières.

«Ceux qui ont agi de la sorte sont, jusqu'à un certain point, responsables de leur propre malheur», a commenté M. Ménard.

À plus long terme, la ministre souhaite s'attaquer aux «problèmes structurels» de l'industrie. Elle a souligné une situation ironique qu'elle entend corriger: alors que plusieurs centres detri sont obligés d'entreposer leurs matières, incapables de les écouler sur le marché, plusieurs recycleurs (comme Cascades et Kruger) continuent de s'approvisionner aux États-Unis.

«Nous allons mettre sur pied un programme de soutien pour qu'il y ait un meilleur arrimage entre les centres de tri et le besoin des recycleurs», a annoncé la ministre.

Les centres recevront une aide financière provenant majoritairement des fonds publics de 4,8 millions de dollars (qui pourrait éventuellement être bonifiée à 6 millions) afin de moderniser leurs équipements et de former leur personnel.

Notons que l'Union des municipalités, la Fédération des municipalités et Éco Entreprises, qui représente l'industrie, se sont dites satisfaites du plan québécois.

À ceux qui craignaient que le contenu de leur bac soit envoyé directement à l'enfouissement, Mme Beauchamp s'est faite rassurante. Un seul centre de tri, a-t-elle dit, a envoyé des matières au dépotoir, en raison «d'une erreur humaine».