Le gouvernement Charest s'est attiré les éloges des écologistes, hier, lorsqu'il a atteint son objectif de mettre 8% du territoire du Québec à l'abri de l'exploitation. Le premier ministre a annoncé hier la création de 14 aires protégées dont la superficie équivaut à 33 fois l'île de Montréal.

Avec ces nouvelles «réserves de biodiversité», 135 326 km2 sont désormais considérés comme des zones protégées. C'est 8,12% de la province, un territoire aussi grand que le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard réunis.

 

Le gouvernement remplit donc un engagement qu'il avait pris lors de son élection en 2003. À cette époque, moins de 1% du territoire du Québec était à l'abri de l'industrie forestière, de l'exploitation minière et des barrages hydroélectriques.

«Ça a pris 100 ans pour arriver à moins de 1% et ça a pris sept ans pour arriver à 8%», a déclaré Jean Charest au parc national du Mont-Saint-Bruno.

Les nouvelles aires protégées sont surtout concentrées dans le nord du Québec. Elles comprennent notamment une réserve de près de 2000 km2 autour du Fjord-Tursukattaq, et une autre de 3300 km3 au Lac-Sérigny, près du réservoir de Caniapiscau.

Objectif: 12%

Le gouvernement n'entend pas s'arrêter là. Il se donne jusqu'en 2015 pour augmenter la superficie protégée à 12% du territoire de la province.

Jean Charest prévient toutefois que la tâche deviendra ardue dans les années à venir. Il souhaite protéger des territoires dans les zones du sud de la province, où habite la vaste majorité des Québécois.

«On aura cueilli les fruits les plus mûrs en premier, explique-t-il. C'est ce qui nous permet d'arriver où l'on en est. Forcément, quand on arrive à la fin des 12%, on va arriver à des zones plus habitées, plus exploitées, et ça devient plus lourd comme démarche.»

Les écologistes ont salué l'annonce du premier ministre. Même si la province protège moins de territoires que l'Alaska (35%) et la Californie (16%), elle obtient l'un des meilleurs scores au Canada avec l'Ontario, selon Matthew Jacobson, de l'institut de recherche PEW aux États-Unis.

«Le Québec est en voie de devenir un leader mondial en fait de conservation», a même lancé le chercheur, joint au Massachusetts.

Mais les écologistes entendent maintenir la pression sur le gouvernement Charest afin qu'il garde intacts ses objectifs de protection du territoire. Marie-Ève Marchand, de la Société pour la nature et les parcs, estime d'ailleurs qu'il faudra aller bien au-delà de ces objectifs pour bien protéger les nombreux écosystèmes de la province.

«Huit pour cent ne sera jamais assez, 12% ne sera jamais assez», a-t-elle affirmé, tout en applaudissant les efforts déployés jusqu'ici.

 

RÉSERVE DE BIODIVERSITÉ PROJETÉE

1 du Fjord-Tursukattaq 1 959,8 km2

2 de Kangiqsujuaq 889,4 km2

3 de la Rivière-Vachon 2 532,7 km2

4 de Quaqtaq-Kangirsuk 1 380,8 km2

5 de l'Estuaire-des-Rivières-Koktac-et-Nauberakvik 1 323,0 km22

6 des Drumlins-du-Lac-Viennaux 701,4 km2

10 de la Rivière-Delay 2 889,5 km2

11 du Lac-Sérigny 3 259,9 km2

12 Hirondelle 322,0 km2

13 du Domaine-La-Vérendrye 260,6 km2

14 de la Station-de-biologie-des-Laurentides 29,6 km2

15 de Grandes-Piles 36,3 km2

RÉSERVE ÉCOLOGIQUE PROJETÉE

16 de la Tourbière-de-Shannon 1,65 km2

17 du Mont-Gosford 3,06 km2

RÉSERVE DE TERRITOIRE POUR FIN D'AIRE PROTÉGÉE

7 de la Rivière-Marralik 504,2 km2

8 du Lac-Jeannin 1 290,4 km2

9 de la Rivière-George 663,7 km2 (agrandissement)