La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a annoncé mercredi l'autorisation du premier d'une série de projets éoliens qui doivent porter la capacité de production du Québec à 4000 MW d'ici six ans, mais elle a laissé entrevoir que des changements seront nécessaires afin d'atteindre cet objectif.

En donnant le feu vert à un consortium formé de Boralex et de Gaz Métro pour l'installation de 131 éoliennes qui produiront 272 MW dans la région de Québec, Mme Normandeau a annoncé l'annulation du projet de 68 MW à Sainte-Luce, dans le Bas-Saint-Laurent, en raison des protestations de la population.

Un projet de parc éolien sur la Basse-Côte-Nord devra aussi être déplacé tandis qu'un autre devra être modifié en Montérégie, a déclaré la ministre lors d'une conférence de presse.

Ces projets font partie des 15 retenus l'année dernière par Hydro-Québec. Ils doivent permettre au Québec de devenir le plus important producteur d'énergie éolienne au pays.

Mme Normandeau a déclaré mercredi que le projet de Boralex et Gaz Métro, situé dans la municipalité régionale de comté de la Côte-de-Beaupré, avait été facilement accepté par la population locale, en raison notamment de son éloignement, dans un secteur de 95 km carrés accessible par des chemins forestiers.

De simples séances d'information, organisées par le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE), ont suffi pour permettre à la population d'évaluer les impacts du projet.

Dans ce contexte, personne n'a réclamé d'audiences publiques, ce qui a simplifié l'émission des autorisations gouvernementales.

«C'est le premier projet qui est prêt pour le gouvernement du Québec, a-t-elle dit. C'est évident, on va se dire les vraies choses, que le fait qu'il n'y ait pas eu d'audiences du BAPE, ça a facilité les choses.»

Mme Normandeau s'est montrée confiante que les changements aux projets retenus n'empêcheront pas le Québec d'atteindre son objectif à temps.

«Non, pour moi ce n'est pas inquiétant du tout, a-t-elle dit. Dans le fond, ce qu'il faut retenir, c'est le succès d'un projet comme celui qui est confirmé ce matin.»

À part le projet de la Côte-de-Beaupré, situé à environ 60 km à l'est de Québec, aucun des nouveaux projets éoliens n'a encore complété l'étape des séances d'informations du BAPE.

Le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, le péquiste Sylvain Gaudreault, a soutenu que plusieurs projets éoliens soulevaient des questions dans la population parce que le gouvernement a permis aux promoteurs de soumettre des offres sans avoir obtenu au préalable des garanties minimales de la part des autorités locales.

«La procédure du gouvernement a été de procéder à l'envers, a-t-il dit lors d'une entrevue téléphonique. C'est-à-dire de donner des autorisations à des promoteurs avec la charge d'aller faire passer ça dans les communautés. On s'aperçoit que ça ne passe pas bien partout.»

Selon lui, le consortium de Boralex et Gaz Métro a procédé de la bonne façon, mais il constate que ce n'est pas le cas de tous les projets.

«L'ensemble de l'oeuvre du gouvernement dans le dossier éolien est une erreur et ça boite, a-t-il dit. Le risque, c'est que ça fasse en sorte de créer une allergie de la population à l'égard des éoliennes.»

La présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu, a déclaré que deux ans avant de déposer sa soumission pour l'appel d'offres, le consortium avait déjà commencé à discuter du projet avec les représentants locaux.

«Le site sur lequel on est a plusieurs caractéristiques positives, a-t-elle dit. C'est un gisement éolien formidable, traversé par une grande ligne hydro-électrique et qui est éloigné des zones de population, ce qui a facilité d'autant son acceptabilité.»

Le projet du consortium, dont la mise en service est prévue en 2013, nécessitera l'investissement de 800 millions $ par les partenaires financiers.

Les éoliennes seront installées sur 10 pour cent du territoire de la seigneurie de la Côte-de-Beaupré, qui appartient au Petit séminaire de Québec.

Lors de la conférence de presse, Mme Normandeau a affirmé que le projet de 80 MW d'Aguanish, sur la Basse-Cote-Nord, sera déplacé dans une région qu'elle n'a pas voulu identifier.

En Montérégie, l'emplacement de trois éoliennes d'un projet à Saint-Valentin pose problème actuellement, mais Mme Normandeau a indiqué que cela ne compromet pas le projet.

Celui de Sainte-Luce ne se réalisera pas, mais la ministre a évoqué la possibilité qu'il soit pris en charge par des regroupements régionaux de municipalités ou des communautés autochtones.