Montréal est la ville la plus écologique du Québec. Cette conclusion ne manquera pas d'étonner les nombreuses personnes qui estiment la métropole polluée et malpropre. Mais c'est le résultat du premier effort sérieux visant à faire un classement des villes québécoises du point de vue du développement durable.

Toutefois, Montréal arrive au 22e rang sur 25 en ce qui a trait à l'autre facette du développement durable: le volet socioéconomique.

Ce classement est le fruit du travail de Georges A. Tanguay, de l'UQAM, et de Juste Rajaonson, de l'Université de Montréal. Tous deux sont membres de CIRANO, centre universitaire de recherche en analyse des organisations.

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Leur rapport a été soumis pour publication dans une revue scientifique, mais la version que La Presse a obtenue n'a pas été encore acceptée.

Les chercheurs ont d'abord étudié d'autres classements de villes sur le plan du développement durable. La tâche a été plus ardue que prévu. «On a trouvé 17 recherches pertinentes utilisant un total de 188 indicateurs différents, et presque jamais les mêmes», dit M. Tanguay.

Ce travail préliminaire a finalement fait l'objet d'une première publication scientifique. Les chercheurs ont aussi remarqué que le volet socioéconomique était souvent négligé dans ce type de recherche et surtout dans le discours public sur le développement durable. «Le développement durable doit être vu des trois angles: environnemental, économique et social», dit M. Tanguay.

Les chercheurs ont donc entrepris de choisir des indicateurs et de les combiner pour composer deux classements, un représentant l'impact d'une ville sur l'environnement et l'autre, les aspects économiques et sociaux touchant ses habitants. Ils en ont finalement retenu 10 pour chaque classement.

Sur le plan environnemental, on trouve la qualité de l'air et celle des cours d'eau; la consommation résidentielle d'eau; la superficie d'espaces naturels et la densité de population; la quantité de déchets enfouis, recyclés et compostés; l'utilisation des transports en commun et la possession d'automobiles par habitant.

Sur le plan socioéconomique, les chercheurs ont retenu le degré d'éducation; le taux d'activité et de chômage; trois mesures différentes de la richesse individuelle; l'état de santé déclaré de la population; le taux de criminalité; le taux de participation aux élections municipales; et les dépenses municipales en loisir et culture, aide sociale et vie communautaire.

On remarque que les villes ont une certaine prise sur la plupart des composantes de l'indice environnemental, mais moins sur celles de l'indice socioéconomique. Par exemple, ce sont les villes qui fournissent l'eau aux citoyens, mais pas l'éducation universitaire.

Et même si Montréal compte quatre universités sur son territoire, la relative richesse qui vient avec un diplôme a tôt fait de se refléter dans le classement des villes de banlieue pour les critères socioéconomiques. En effet, une grande partie des «pauvres» étudiants quittent la ville pour la banlieue une fois leurs études terminées et leur carrière bien entamée.

«On est conscients du fait que les villes sont plus ou moins capables d'influer sur ces indicateurs, dit M. Tanguay. Le classement va refléter quand même la réalité de la situation.»

Pour ce qui est de Montréal, trois critères le placent au sommet: son faible nombre d'automobiles par habitant, son haut taux d'utilisation des transports en commun, ainsi que sa haute densité. Ce sont en fait trois facettes de la même réalité.

«Montréal chute au 25e rang si on enlève ces trois indicateurs, dit M. Tanguay. Et les trois premiers rangs sont dominés par Victoriaville, Sherbrooke et Gatineau lorsqu'on en enlève l'un ou l'autre.»