Trois îles de Laval ont été mises en réserve en vue de leur conservation, hier, ce qui marque un nouveau jalon dans une bataille qui dure depuis plus de 20 ans.

Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, en a fait l'annonce hier.

«Le gouvernement a mis une somme d'argent de côté [en vue d'une acquisition], a indiqué M. Arcand en entrevue avec La Presse. La prochaine étape est de négocier avec les propriétaires actuels. On a déjà une étude sur la valeur écologique. On veut protéger, mais à un prix qui est juste.»

La mise en réserve empêche toute transaction ou changement de vocation pour les îles Saint-Joseph, aux Vaches et Saint-Pierre pendant deux ans. Elle est renouvelable pour une seconde période de deux ans.

Les trois îles se situent entre Laval et Terrebonne, à l'ouest de l'autoroute 25. Au total, elles font 197 hectares, soit autant que le parc du Mont-Royal.

L'île Saint-Joseph est la seule à être reliée à la terre par un pont. Selon des informations datant de l'automne dernier, son principal propriétaire est le promoteur immobilier Luigi Liberatore, dont les terrains valaient 2,4 millions selon l'évaluation municipale de 2009. Une filiale de la firme immobilière Monit, de l'homme d'affaires Eliasz Kotler, est propriétaire de la majeure partie de l'île aux Vaches. En 2009, la Ville de Laval évaluait son terrain à 5,6 millions. Monit détient aussi l'île Saint-Pierre, évaluée à 627 000$.

Ceinture verte

«Laval est une ville qui grandit à un rythme très rapide et, comme gouvernement, c'est un geste important de protéger ces îles, a dit M. Arcand. Et elles font partie du concept de ceinture verte autour de Montréal.»

Les îles ont perdu leur zonage agricole en 1989. La société Monit a proposé, en 1991 et en 2002, que l'île aux Vaches devienne un lotissement de plus de 1000 maisons.

Une modification de zonage adoptée en 2001 par la Ville de Laval aurait pu ouvrir la voie au projet, mais sa légalité a été contestée par des citoyens et elle a été annulée en 2009.

Par la suite, l'organisme Sauvons nos trois grandes îles a recueilli plus de 41 000 signatures pour appuyer son projet de conservation, un élément qui a été déterminant, selon le ministre Arcand. «À un moment donné, on sent que c'est une priorité pour les gens», dit-il. «On est très soulagés», reconnaît Hughette Larochelle, de l'organisme Sauvons nos trois grandes îles.

Île Charron

Le dossier des «trois grandes îles» rappelle celui de l'île Charron, à Boucherville. Dans ce cas, un promoteur immobilier a obtenu 15 millions en 2011 pour 20 hectares payés 6 millions 4 ans plus tôt.

Mais s'il y avait des doutes quant à la valeur écologique de l'île Charron, il n'y en a pas dans le cas des «trois grandes îles». Le MDDEP signale qu'elles abriteraient plus de 245 espèces végétales, dont 14 considérées comme menacées. Plus de 40% des espèces de reptiles du Québec s'y retrouvent, dont la tortue géographique, considérée comme vulnérable. L'île aux Vaches possède l'une des plus grandes érablières à érable noir du Québec, couvrant 14,5 hectares.