Les activités industrielles seront bel et bien exclues sur 50% du territoire visé par le Plan Nord, même si le projet de loi déposé la semaine dernière est ambigu à ce sujet.

C'est ce qu'a assuré hier le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, devant un symposium international de spécialistes de la biodiversité organisé par l'Intiative boréale canadienne.

«Notre engagement de protéger 50% du territoire, cela veut dire prendre des mesures de conservation sur plus de 660 000 km2, a affirmé le ministre Arcand. Et permettez-moi d'être clair, ces 50%, cela veut dire: pas de mines, pas d'hydroélectricité, pas d'industrie forestière et pas même d'énergie éolienne.»

M. Arcand a réitéré l'importance de cet aspect du Plan Nord en affirmant que «c'est toute l'image du Québec qui est en cause».

Fourre-tout

Cependant, dans le projet 65 déposé la semaine dernière concernant la conservation dans le cadre du Plan Nord, on emploie l'expression «utilisation durable des ressources» qui est un véritable fourre-tout, selon les écologistes et spécialistes.

Dans une lettre adressée hier au premier ministre Jean Charest, un groupe d'éminents scientifiques s'est inquiété de ce «nouveau langage» apparu dans le projet de loi.

Parmi ces spécialistes, David Schindler, professeur d'écologie à l'Université d'Alberta, a participé au symposium. M. Schindler est l'un des plus farouches critiques de l'industrie des sables bitumineux.

En entrevue avec La Presse, M.Schindler place beaucoup d'espoir dans les projets de conservation au Québec, qui pourraient jouer un rôle important sur le plan mondial, mais il demeure critique quant aux projets miniers et forestiers dans la forêt boréale.

Forêt boréale

«Il y a très peu d'aires protégées en Eurasie dans la région de la forêt boréale, dit-il. Des animaux comme le tigre de Sibérie sont au bord de l'extinction. En Amérique du Nord, il y a des troupeaux de caribous forestiers qui sont condamnés, en Alberta, et il y en a d'autres qui se portent mieux, en Ontario et au Québec. Si l'espèce survit au Canada, ce sera dans ces zones. Si tout le monde fait comme l'Alberta, le caribou forestier disparaîtra d'ici 30 ou 40 ans.»

Cependant, dit-il, le succès du Plan Nord en matière de conservation est loin d'être assuré. «Même si on parle d'un grand territoire, il faut le replacer sur un arrière-plan de problèmes qui sont encore plus grands, comme les changements climatiques et les pluies acides. Et je ne vois pas comment mettre ce plan à exécution sans un partenariat réel avec les autochtones.»

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Le ministère s'installe à Chapais

Le ministre Pierre Arcand doit se rendre demain dans la petite ville de Chapais, située à une quarantaine de kilomètres de Chibougamau dans le nord du Québec, pour inaugurer un nouveau bureau qui embauchera une quinzaine de personnes. «Ce nouveau bureau du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) à Chapais renforcera notre présence sur le terrain», a déclaré le ministre, qui a précisé que des inspecteurs miniers feraient partie du nouveau personnel embauché.

La nouvelle antenne du MDDEP est créée grâce aux 10 millions de dollars prévus dans le dernier budget provincial pour le volet environnemental du Plan Nord.