Les résidants de Beaconsfield pourraient devenir les premiers dans l'île de Montréal à payer selon la quantité de déchets qu'ils mettent à la rue. La Ville mène actuellement un projet-pilote afin d'étudier l'introduction d'un système «pollueur-payeur».

Avec ses 7000 tonnes de déchets produits par an, Beaconsfield «est un des plus grands générateurs de déchets dans l'île. On voudrait améliorer ce record qui n'est pas des plus enviables», a indiqué à La Presse le maire Georges Bourelle.

La ville, qui fait partie de l'agglomération de Montréal, a mis de l'avant une stratégie de réduction des matières résiduelles. Celle-ci s'inspire de la tarification des déchets pratiquée par plusieurs villes en Europe, aux États-Unis et dans certaines provinces canadiennes.

Depuis quelques mois, 253 des 6500 résidences de Beaconsfield participent à un projet-pilote. Chaque famille a reçu un bac muni d'une puce électronique afin de permettre à la Ville de comptabiliser la quantité de déchets produits, explique Andrew Duffield, directeur des travaux publics de la municipalité.

Beaconsfield étudie la possibilité d'introduire un tarif selon le volume du bac à déchets utilisé et la fréquence des collectes. Actuellement, les propriétaires de Beaconsfield paient un tarif fixe de 174,60$ par logement pour la collecte des déchets.

Selon ce scénario à l'étude, les résidants paieraient moins cher s'ils optent pour un bac de 120 litres plutôt que ceux de 240 ou 360 proposés. Chaque levée de bac étant facturée, les citoyens ont également avantage à mettre leurs déchets moins fréquemment à la rue.

Beaconsfield souhaite réduire le nombre de camions nécessaires pour la collecte des déchets et donc la facture de ce service.

Baisse des déchets

«Ça donne déjà de très bons résultats», dit M. Duffield. Les 253 familles participant au projet-pilote ont réduit de 33% leurs déchets par rapport au groupe de contrôle. Cette baisse serait principalement attribuable à la réduction de la quantité de matières organiques, le compostage étant fortement encouragé. Les résultats risquent de s'améliorer encore lorsqu'un incitatif financier entrera en ligne de compte, ces familles n'étant pas facturées pour le moment.

La décision finale pour le passage au principe du «pollueur-payeur» n'a pas encore été prise, mais devrait l'être en 2015.

Beaconsfield tiendra à la fin d'octobre des journées portes ouvertes sur sa stratégie de réduction des déchets. La Ville rappelle que le Québec vise à éliminer complètement l'enfouissement des déchets organiques d'ici 2020. Or ceux-ci représentent près de la moitié des déchets produits.

Une seule municipalité au Québec envoie une facture à ses citoyens en fonction de la quantité de déchets mis à la rue, soit le Canton de Potton, en Estrie. Depuis que les citoyens doivent coller des d'étiquettes sur leurs sacs à ordures, la petite municipalité a observé depuis un an une réduction de 42% des matières prenant le chemin de l'enfouissement. Cette diminution a entraîné en parallèle une hausse marquée du recyclage et du compostage qui eux demeurent gratuits.