Le trou apparu depuis les années 80 dans la couche d'ozone au dessus de l'Antarctique ne diminuera pas avant dix-vingt ans et ne disparaîtra si tout va bien que vers 2075, a prévenu vendredi l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

À quelques jours de la journée de l'ozone le 16 septembre, l'OMM a estimé que «la situation (allait) rester grave encore dix à vingt ans avant que le trou ne commence à se résorber, et ce à condition que le protocole de Montréal soit bien respecté par tous».

En tout état de cause, «il faudra des décennies avant que le trou ne disparaisse et que l'on revienne à la situation d'avant 1980», a expliqué à l'AFP l'expert en la matière de l'OMM, Geir Braathen. «Nous tablons sur 2075», a-t-il ajouté.

La couche d'ozone protège les organismes vivants des rayonnements ultraviolets nocifs du soleil. Au début des années 80, les scientifiques y ont observé la formation d'un trou au-dessus du pôle sud, provoqué par des températures anormalement froides à haute altitude, ces dernières étant dues à des gaz, les CFC (chlorofluorocarbones) utilisés dans la réfrigération et la climatisation.

La mobilisation internationale a permis de signer dès 1987 des accords à Montréal pour l'élimination progressive de ces substances nocives. En 2007, un nouvel accord a été signé par 190 pays pour cesser l'utilisation de la deuxième génération de gaz réfrigérants moins nocive, les HCFC (hydrochlorofluorocarbures), en 2030 dans les pays développés et en 2040 dans les pays en développement.

Malgré ces décisions, les résultats ne pourront se faire sentir rapidement en raison de la lenteur de décomposition dans la stratosphère (soit entre 14 et 20 km de la terre) des substances nocives en cause, a souligné M. Braathen. «La concentration de ces gaz dans la stratosphère diminue à un rythme de 1% par an», explique-t-il.

Ainsi, pour 2008, pas d'amélioration en vue. Selon les premières données de l'OMM, alors que le trou se forme généralement mi-août pour se résorber mi-décembre, sa superficie «est actuellement plus importante que le maximum atteint l'année dernière à la même époque».

Il recouvre à présent 25 millions de km2 au-dessus de l'Antarctique, a indiqué l'expert de l'organisation onusienne. Mais ne devrait toutefois pas atteindre d'ici décembre le record de 2006 de 29 millions de km2, selon les projections de l'OMM.

«2006 a été l'année la pire en étendue et en durée» jamais enregistrée, fait valoir M. Braathen expliquant qu'en dépit d'une tendance de fond, des fluctuations importantes peuvent être enregistrées d'une année sur l'autre en raison des conditions météorologiques.