La pollution causée par un demi-siècle d'exploitation du pétrole dans le sud du Nigeria est l'un des exemples les plus dérangeants de la «malédiction» que peuvent constituer des ressources naturelles, a annoncé mardi Amnesty International dans un rapport accablant.

Selon Amnesty International (AI), qui présentait son rapport en public à Abuja, la pollution du delta du Niger (la région pétrolifère) a privé des dizaines de millions de personnes de leur droit le plus élémentaire à la nourriture, l'eau et la santé.

Dans son épais rapport, AI décrit la situation dans le Delta, où vivent environ 31 millions de personnes, comme «une tragédie en matière de droits de l'homme», tragédie qui a alimenté les rancoeurs et la violence.

«Les gens qui vivent dans cette région doivent boire de l'eau polluée, faire la cuisine et laver leur linge avec cette eau. Ils mangent des poissons, quand ils ont la chance d'en attraper, contaminés par le pétrole et d'autres toxines».

Les terres agricoles du Delta, une région grande comme l'Ecosse et l'un des plus grands systèmes marécageux de la planète, sont détruites par les marées noires «et après ces marées noires, l'air qu'on respire empeste le pétrole et le gaz», poursuit Amnesty.

«Les habitants se plaignent de problèmes respiratoires, de lésions cutanées, mais leurs plaintes ne sont pas prises au sérieux», ajoute l'organisation qui condamne le gouvernment nigérian et les multinationales.

«La pauvreté de ces gens, en contraste avec la richesse générée par le pétrole, est devenue l'un des exemples les plus absolus et dérangeants de ce qu'une ressource naturelle peut se transformer en fléau».

«La destruction des moyens de subsistance, le manque de responsabilité tant du gouvernement nigérian que des multinationales pétrolières, et l'échec du gouvernement à investir pour développer cette région, tout cela nourrit la frustration qui débouche de plus en plus sur une situation de conflit, un conflit souvent violent», poursuit l'Ong.

L'un des groupes armés les plus actifs dans la région depuis deux ans et demi, le Mouvement d'émancipation du delta du Niger (Mend) affirme se battre pour les droits de la cause ijaw, une ethnie de 14 millions de personnes.

Le groupe qui a à son actif, des dizaines de sabotages, d'attaques et d'enlèvements, dit aussi combattre pour obtenir une répartition plus juste de la manne pétrolière.