Environ 300 cyclistes nus ont remonté samedi l'avenue de la Réforme, principale artère de la capitale mexicaine, pour protester contre la pollution du Golfe du Mexique à la suite de l'accident survenu sur la plateforme offshore de BP, a constaté l'AFP.

«Assez de guerres et de marées noires», pouvait-on lire sur la poitrine d'un des manifestants.

L'ampleur de la fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique, qui pourrait être deux fois plus importante que prévu selon de nouvelles estimations, laisse craindre de très lourdes conséquences pour l'environnement, tandis que la note devrait être beaucoup plus salée pour BP.

D'après les dernières estimations rendues publiques cette semaine par la directrice de l'Institut géologique américain Marcia McNutt, qui coordonne le travail des différents chercheurs, entre 151 millions et 413 millions de litres de pétrole, selon le scénario le plus pessimiste, se sont déversés dans l'océan depuis l'explosion, le 20 avril, de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon. La quantité de pétrole fuyant quotidiennement est évaluée par l'Institut océanographique Wood Hole entre 3,8 et 7,9 millions de litres par jour.

Dans tous les cas, il s'agit de la pire marée noire jamais enregistrée aux Etats-Unis. Par comparaison, en 1989, 42 millions de litres s'étaient répandus après le naufrage du pétrolier «Exxon Valdez» sur les côtes de l'Alaska, à la pointe nord-ouest des Etats-Unis. Les nouvelles estimations signifient que la fuite à 1500m de profondeur au large de la Louisiane, que BP n'est toujours pas parvenue à endiguer totalement, produit un «Exxon Valdez» tous les cinq à 13 jours.

Les effets sur l'environnement et l'écosystème marin, déjà désastreux, ne sont «pas linéaires», prévient Paul Montagna, spécialiste de biologie marine à l'Université du Texas. S'il y a deux fois plus de pétrole que prévu, «cela ne double pas les conséquences, cela pourrait en fait les quadrupler», dit-il.

Le pétrole s'est infiltré dans le complexe réseau d'étendues d'eau -bayous, mangroves et marais qui constituent l'essentiel des côtes de Louisiane-, mettant en danger un écosystème particulièrement riche et mazoutant de nombreux oiseaux. L'extension de la marée noire, note John Andrew Nyman de l'Université de Louisiane, menace notamment les pélicans bruns.

Jim Franks, un autre chercheur en biologie marine de l'Université du Mississippi, s'inquiète lui des conséquences de la marée noire sur des poissons comme le thon, le marlin ou l'espadon, en pleine période de ponte.

Autre mauvaise nouvelle, le pétrole qui continue à s'échapper contient d'importantes quantités de méthane. Selon Samantha Joye, professeur de sciences marines à l'Université de Géorgie, cela pourrait contribuer à faire baisser la teneur en oxygène dans l'eau. Et c'est sans compter sur les dispersants utilisés à très grande échelle par BP pour fractionner la nappe de pétrole, produits dont les effets à long terme sont inconnus.

Les protestataires à Mexico ont également réclamé un meilleur respect des pistes cyclables régulièrement envahies par quelques-uns des quatre millions de véhicules qui sillonnent la mégapole mexicaine.

 

- Avec AP