Ils ont entre 14 et 17 ans. Ils sont venus de quatre quartiers de Montréal et même de Gatineau et ils écoutent les explications de l'écologiste Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution.

Aujourd'hui, ils vont aider à échantillonner l'eau du canal de Lachine à une trentaine d'endroits, ce qui n'a jamais été fait, sauf erreur, selon M. Green.

Antoine Poissant, 15 ans, de l'école Édouard-Montpetit, s'apprête à accomplir sa mission d'échantillonnage. Une activité environnementale de plus après le camping d'hiver ou une corvée de nettoyage pour ce jeune de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, qui est inscrit au programme C-VERT de son quartier. «On s'en va voir concrètement le niveau de pollution à Montréal», dit-il.

Devant nous, une femme joue avec son chien en lui lançant une balle dans l'eau du canal. «Je suis au courant de la pollution, des E. coli, dit-elle. Je me lave les mains en arrivant à la maison.»

Pour M. Green, la scène montre l'importance d'une meilleure identification des sources de pollution qui continuent de contaminer le canal. «Le canal était artificiel au départ, mais il est devenu un cours d'eau avec le temps, dit-il. Il y a des poissons. Il y a des gens qui pêchent, il y en a qui se baignent.»

Aujourd'hui, le problème n'est plus autant la pollution chimique résultant des usines aujourd'hui disparues. Celle-là, on préfère la laisser dormir dans les sédiments. Mais l'eau du canal continue d'être contaminée par les débordements d'égouts et des raccordements défectueux. Surtout après de grosses pluies.

La Ville de Montréal échantillonne l'eau du canal à deux endroits, une fois par semaine, l'été. Mais l'opération d'hier est d'une ampleur sans précédent. Et demande une main-d'oeuvre nombreuse. D'où l'apport des groupes C-VERT.

Ce programme financé par la Fondation Claudine et Stephen Bronfman a démarré en 2005 pour offrir aux jeunes à la fois une expérience en nature et un engagement communautaire

Barbara Noël, 17 ans, Anne-Sarah Gnebehi, 15 ans, et Cindy Lobos, 15 ans, du quartier Saint-Michel, font partie du nombre, avec une soixantaine d'autres.

Aujourd'hui, ils vont enfiler des gants protecteurs, prendre un échantillon d'eau, noter les températures de l'air et de l'eau et faire des observations sur les environs.

Cela marque pour eux le début d'un stage d'un mois qui couronne une année d'activités. «On veut faire des gestes concrets pour l'environnement», dit Barbara. Mais pour elles, C-VERT est aussi un passe-temps. «On rencontre de nouvelles personnes», dit Anne-Sarah.

Leur travail aura un impact concret, assure M. Green. Les résultats de la campagne d'échantillonnage d'hier seront connus demain. «Vous allez nous aider à informer des dizaines de milliers d'utilisateurs du canal sur la qualité de l'eau», dit-il à ses stagiaires d'un jour.

Les lieux d'échantillonnage ont été choisis afin de vérifier des sources possibles de contamination.

Certaines, comme le «trop-plein Rockfield», sont bien connues. Cette canalisation datant des années 30 déverse les eaux usées municipales directement dans le canal en cas de forte pluie, ce qui se produirait de trois à cinq fois par année. Cela force à chaque fois Parcs Canada, gestionnaire du canal, à y suspendre les activités récréatives.

La canalisation Rockfield avait été pointée en 1998 dans le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le projet de réouverture du canal à la navigation. La Ville doit la fermer définitivement pour la remplacer par un bassin de rétention, un projet de 150 millions annoncé il y a un an.

Mais il y a d'autres sources possibles de contamination dans le canal. M. Green se demande entre autres si certains égouts industriels qui s'y déversaient directement n'ont pas été remis en service quand les bâtiments ont été transformés en condos.

Le rapport du BAPE avait en outre souligné la découverte pendant son enquête de «branchements illicites» à plusieurs endroits le long du canal.