La qualité de l'air s'améliore globalement dans la métropole, et les épisodes de smog sont stables, conclut un récent bilan environnemental, qui signale toutefois la progression d'un dangereux polluant estival.

En 2010, il y a eu à Montréal 65 jours où la qualité de l'air était mauvaise, soit 3 de moins que l'année précédente. Le nombre d'épisodes de smog a aussi diminué, passant de 32 à 24, selon le dernier Bilan annuel de la qualité de l'air à Montréal.

Cette réduction du nombre de jours de smog n'est toutefois pas une tendance. Les chiffres sont en dents de scie depuis 10 ans. Il y a par exemple eu 34 journées de smog en 2005 et 11 en 2006. Personne ne peut prédire combien il y en aura cet été.

«Il faut faire attention quand on compare les données des différentes années, parce que la météo a une nette influence, explique Diane Boulet, chimiste responsable du Réseau de surveillance de la qualité de l'air à la Ville de Montréal. Un hiver doux, par exemple, va favoriser leur occurrence. Mais on peut dire que, généralement, la qualité de l'air s'améliore à Montréal, parce que certains polluants sont beaucoup moins présents qu'avant.»

Contrairement à la croyance populaire, la majorité des journées de smog ont lieu l'hiver, à Montréal. Dans l'espoir de les limiter, la Ville a d'ailleurs imposé un moratoire en 2009 sur l'installation de nouveaux foyers et poêles au bois.

Un polluant en progression

Seule ombre au tableau, les concentrations d'ozone ont augmenté. Ce polluant, qui apparaît dans les journées chaudes et ensoleillées, se mêle aux polluants émis par les voitures et les industries pour créer du smog. Le Bilan constate que les concentrations d'ozone ont grimpé de 37% en 10 ans à Montréal.

L'ozone peut irriter les bronches et est associé aux maladies pulmonaires. Une exposition prolongée peut accentuer le risque de mourir d'une maladie pulmonaire, selon une étude américaine publiée en 2009.

Selon le Dr Louis Drouin, de la Direction de la santé publique de Montréal, il ne faudrait pas se surprendre de voir le taux d'ozone augmenter au cours des prochaines années puisque ses concentrations grimpent en partie sous l'effet de la chaleur et qu'il fait de plus en plus chaud.

Pour freiner la progression des concentrations d'ozone et la multiplication des jours de smog qu'elle pourrait entraîner, il faudra agir sur les transports, selon lui. «Si on veut renverser la tendance, il faut réduire le volume de circulation à Montréal, explique-t-il. En même temps, on réduirait les gaz à effet de serre. Mais en ce moment on est plutôt dans un scénario totalement opposé, où on voit une augmentation continue de la circulation. Mais il s'agit ici d'un problème politique.»

Louis Drouin note que la qualité de l'air a fait un bond de géant à Montréal lorsque de nouveaux règlements municipaux contraignants ont encadré les industries à la fin des années 70. «Aujourd'hui, on est aux prises avec des sources de pollution qui relèvent des individus, note-t-il. Ce sont les gens qui décident de prendre l'auto pour se rendre au travail ou de chauffer au bois. C'est plus difficile à changer.»