La ville japonaise de Nagasaki a appelé mardi à l'abandon de l'énergie nucléaire, à l'occasion de l'anniversaire du bombardement atomique américain dont elle a été victime le 9 août 1945.

Le maire, Tomihisa Taue, a déclaré que le Japon devait développer des énergies alternatives plus sûres comme le solaire, l'éolien et la biomasse, après la catastrophe survenue à la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, la plus grave depuis celle de Tchernobyl il y a 25 ans.

«En mars, nous avons été abasourdis par la gravité de l'accident à Fukushima Daiichi», a-t-il dit lors d'une cérémonie organisée près du point d'impact de la bombe atomique larguée par l'armée américaine à la fin de la guerre.

«En tant que peuple d'une nation qui a connu la déflagration nucléaire, nous devons continuer à exiger qu'il n'y ait "plus jamais de hibakusha!"», a ajouté M. Taue dans son discours, en utilisant le mot réservé aux victimes des radiations atomiques.

«Comment se fait-il que nous soyons une fois de plus menacés par la crainte des radiations? Ne sommes-nous plus intimidés par la nature? Sommes-nous devenus trop confiants dans le contrôle que nous exerçons en tant qu'êtres humains?»

Le maire a estimé que «peu importe le temps qu'il faudra, il est nécessaire de promouvoir le développement d'énergies renouvelables à la place du nucléaire afin de parvenir à une société dotée d'une base énergétique sûre».

Le discours de M. Taue fait écho à celui du maire de Hiroshima, autre ville-martyre, et surtout aux positions antinucléaires adoptées récemment par le Premier ministre nippon de centre-gauche, Naoto Kan, également présent à Nagasaki.

«Nous sommes en train de reprendre à zéro la politique énergétique du pays», a dit M. Kan. «Je vais m'efforcer de réduire notre dépendance à l'énergie nucléaire pour créer une société qui ne dépendra pas du nucléaire.»

M. Taue a par ailleurs une nouvelle fois appelé tous les États détenteurs de l'arme atomique à y renoncer.

«Et les plus de 20 000 bombes nucléaires dans le monde? Est-ce que l'on croit encore que le monde est plus sûr grâce à la dissuasion nucléaire? Est-ce que l'on est persuadé qu'aucune de ces armes atomiques ne sera jamais utilisée?», a-t-il demandé.

Un nombre record de 44 pays étaient représentés à la cérémonie marquant le 66e anniversaire du bombardement sur Nagasaki. Les États-Unis avaient, pour la première fois, envoyé un haut diplomate, après avoir l'an dernier délégué leur ambassadeur au Japon pour le 65e anniversaire du bombardement sur Hiroshima.

La première bombe atomique de l'histoire a été larguée le 6 août 1945 au-dessus de Hiroshima, tuant environ 140 000 personnes. Trois jours plus tard, l'aviation américaine larguait une bombe au plutonium sur Nagasaki, faisant plus de 70 000 morts. Le Japon a capitulé le 15 août 1945.

Les États-Unis n'ont jamais présenté d'excuses pour les dizaines de milliers de victimes innocentes et aucun président américain en exercice ne s'est rendu dans ces deux villes. Jimmy Carter a certes visité Hiroshima, mais après avoir quitté la Maison Blanche.