La fuite de pétrole, qui s'échappe depuis la semaine dernière d'une plate-forme du groupe Shell en mer du Nord au large de la Grande-Bretagne, est la plus importante depuis une décennie dans la région, a affirmé lundi le gouvernement britannique, qui assure cependant qu'elle n'atteindra pas les côtes.

«La fuite pourrait atteindre plusieurs centaines de tonnes», a annoncé le ministère de l'Énergie dans un communiqué transmis à l'AFP, en précisant que cette estimation était revue en permanence, et que les gardes-côtes procédaient à des survols deux fois par jour pour surveiller la situation.

«Même si elle est petite en comparaison de l'incident du golfe du Mexique, cette fuite est substantielle» à l'échelle du Royaume-Uni, a ajouté le ministère de l'Énergie.

De son côté, le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a indiqué dans un communiqué que la fuite représentait à ce stade «environ 216 tonnes», soit l'équivalent de 1.300 barils de pétrole. Cependant, selon les calculs du groupe pétrolier, seule une tonne de pétrole brut affleurerait à la surface, et la quantité échappée serait désormais inférieure à cinq tonnes par jour.

Cette fuite est largement supérieure à celles enregistrées depuis 2001 en mer du Nord, au large de la Grande-Bretagne. En 2009, moins de 51 tonnes de pétrole au total s'étaient échappées des installations pétrolières situées dans la zone, selon un bilan établi par le ministère de l'Énergie.

À titre de comparaison, l'explosion l'an dernier d'une plateforme exploitée par le groupe britannique BP au large de la Louisiane avait provoqué le déversement de dizaines de millions de litres de brut dans le golfe du Mexique.

Shell avait annoncé la semaine dernière avoir repéré une fuite de pétrole sur un oléoduc reliant la plate-forme pétrolière Gannet Alpha, dont il est responsable, à environ 180 kilomètres au large d'Aberdeen, ville située sur la côte orientale de l'Écosse.

Shell avait toutefois indiqué ce week-end que la fuite était désormais «sous-contrôle» et «considérablement réduite», et qu'il s'efforçait d'y mettre un terme.

Le ministère de l'Énergie a assuré ce lundi, comme l'avait déjà fait le groupe pétrolier, que cette fuite ne devrait pas causer de marée noire. «On ne s'attend pas à ce que le pétrole atteigne les côtes et on prévoit en fait qu'il se dispersera naturellement» dans la mer, a-t-il indiqué.

«Nous continuons à prévoir que la couche de pétrole se dispersera sous l'action des vagues et n'atteindra pas les côtes», a abondé Shell, ajoutant que le personnel de la plateforme n'était pas touché et que l'installation, qui est dirigée également par le groupe pétrolier américain ExxonMobil, continuait à fonctionner.

De son côté, l'organisation Greenpeace a dénoncé un «manque inquiétant de transparence de la part de Shell», lui reprochant d'avoir mis deux jours à faire état de cette fuite de pétrole.

Cette fuite intervient alors que Shell est sur la sellette après la publication début août d'une étude sans précédent de l'ONU qui le met en cause, ainsi que le gouvernement nigérian, dans la pollution pétrolière de très grande ampleur touchant le Sud du Nigeria. Cette pollution pourrait nécessiter, selon l'ONU, l'opération de nettoyage la plus vaste jamais réalisée au monde.

De plus, la marée noire du golfe du Mexique a renforcé la vigilance à l'égard des installations pétrolières en mer du Nord. Un rapport publié le mois dernier par l'Autorité de sûreté britannique avait révélé que ces installations avaient enregistré une baisse des fuites d'hydrocarbures en un an, mais que celles-ci continuaient de se produire au rythme moyen d'une par semaine.