L'un des principaux chercheurs sur le climat a calculé que les émissions provenant des sables bitumineux de l'Alberta ne risquent pas de représenter un impact majeur en ce qui concerne le réchauffement climatique, et que la véritable menace contre la planète est la combustion de charbon.

Dans un article publié dimanche dans le prestigieux journal Nature, Andrew Weaver, un chercheur en climatologie de l'Université de Victoria, et son collègue Neil Stewart ont analysé la façon dont la combustion de tous les stocks mondiaux de charbon, de pétrole et de gaz naturel auraient un impact sur les températures. Leur analyse se penche entre autres sur les gaz non-conventionnels, tels les hydrates de méthane sous-marins et les gaz de schiste produits par fracturation hydraulique, ainsi que les sources pétrolières non-conventionnelles, incluant les sables bitumineux.

Ils ont découvert que si tous les hydrocarbures des sables bitumineux étaient extraits et consumés, le dioxyde de carbone relâché ferait augmenter les températures mondiales d'environ 0,36 degré Celsius. Cela correspond à environ la moitié de la totalité du réchauffement survenu au cours du dernier siècle.

Lorsque seules les réserves commercialement viables de pétrole des sables bitumineux sont considérées, l'augmentation de la température est seulement de 0,03 degré.

L'étude conclut toutefois que la combustion de toutes les réserves de charbon de la planète mènerait à une augmentation de température de 15 degrés. Brûler tout le gaz naturel causerait plutôt une augmentation de plus de trois degrés.

Les gouvernements de partout sur la planète se sont entendus pour tenter de limiter le réchauffement à deux degrés.

«Le pétrole conventionnel et non-conventionnel n'est pas le problème avec le réchauffement climatique, a déclaré M. Weaver. «Le problème est avec le charbon et le gaz naturel non-conventionnel.»

Selon lui, son analyse suggère que les gouvernements doivent s'inquiéter d'une dépendance accrue envers le charbon, et non les sables bitumineux. Il y a également tant de gaz naturel dans le monde que cela causera également des problèmes, même si cet hydrocarbure émet moins de carbone que le pétrole.

«On pourrait affirmer que la meilleure stratégie que l'on pourrait emprunter serait d'utiliser intelligemment nos réserves pétrolières, mais, en même temps, les utiliser d'une façon qui nous libère de notre dépendance envers le charbon et le gaz naturel, explique M. Weaver. Alors que nous devenons de plus en plus dépendants de ces réserves massives, nous risquons d'être de moins en moins en mesure de nous en passer.»

L'analyse de M. Weaver ne compte que les émissions provenant de la combustion des hydrocarbures. Elle ne tient pas compte des gaz à effet de serre émis lors de la production de la ressource, puisque cela serait l'équivalent de doubler ces émissions.

Selon le chercheur, le véritable message de son étude est que la planète doit commencer à limiter son utilisation des combustibles fossiles.