Célébrer la Saint-Valentin autour d’un bon souper reste un classique romantique indémodable. Mais pourquoi ne pas tenter le grand jeu en réalisant son propre repas gastronomique ? On a confié la mission au chef Samuel Sirois, de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). Le défi : créer un effet wow tout en misant sur la simplicité… et pourquoi pas à prix raisonnable !

Samuel Sirois ? N’est-ce pas ce chef qui a mené l’an dernier l’équipe canadienne à la 11e place de la finale du Bocuse d’or, la plus grande compétition culinaire au monde ? Qui avait terminé deuxième aux sélections des Amériques au Chili en 2022 ? N’est-ce pas incohérent de faire appel aux conseils d’un grand maître pour concocter un menu dont le principal objectif est d’être facile à réaliser ? Pire, une telle démarche risquerait-elle d’être insultante pour le principal intéressé ?

C’est très mal connaître Samuel Sirois. « J’adore les choses bien dressées, la minutie, reconnaît le chef. J’aime beaucoup la haute voltige en gastronomie, mais je suis quelqu’un de relativement simple dans le sens où une bonne pizza bien faite, j’adore ça ! »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Samuel Sirois enseigne depuis huit ans à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec.

La gastronomie, c’est aussi une affaire d’échange ; d’ailleurs, une citation de [Paul] Bocuse dit que – je vais le paraphraser plus que le citer – ce qui fait en sorte qu’un repas est bon, c’est grâce aux gens avec qui tu manges.

Samuel Sirois, chef et professeur à l’ITHQ

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Seul le contre-filet de veau nécessite une cuisson sur-le-champ. Pour le reste, presque tout peut être préparé d’avance.

Être ensemble avant tout

La majorité des éléments du menu quatre services imaginé par Samuel Sirois peuvent être préparés à l’avance, en toute quiétude. « J’ai fait exprès, confie-t-il. On peut même préparer la sauce le week-end d’avant, d’autant plus qu’une sauce préparée en amont est bien meilleure parce que les saveurs se fixent. Et le but, c’est aussi justement de pouvoir profiter de la compagnie de notre douce moitié. »

Car le beau, il n’y a pas que ça dans la vie, ajoute le chef. « Trop souvent dans ma vie, j’ai passé du temps en cuisine en laissant ma conjointe, mes enfants ou d’autres gens à table pendant que je cuisinais, sans profiter de ma soirée. Donc, j’essaie de garder ça un peu plus simple, accessible, pour que les gens aient l’opportunité d’être avec leurs proches. »

Ainsi, un seul des plats du menu proposé par Samuel Sirois nécessite une cuisson sur-le-champ – et encore, le contre-filet de veau s’apprête en un rien de temps. Pour le reste, vinaigrettes, sauces, marinades, mousses, compotées ou éléments de décoration et de finition, presque tout peut être préparé d’avance. On peut en témoigner, car il a tout cuisiné et dressé devant nous en un peu plus d’une heure – et il devait tout préparer en même temps pour les besoins de la cause, ce qui ne sera pas le cas dans votre propre cuisine.

D’abord s’amuser

Quand on prépare son menu d’avance, on a aussi l’avantage de pouvoir se tromper. « N’ayez pas peur de recommencer, surtout que dans le cas présent, j’aurais quasiment pu chiffrer le menu tellement ça ne coûte rien, mis à part le veau et les pétoncles, affirme Samuel Sirois. Évidemment, il ne faut pas gaspiller, mais au final, ce que j’essaie de dire, c’est : n’ayez pas peur de manipuler, de jouer avec ce que vous avez. »

Ça permet aussi de s’amuser un peu avec la finition – Samuel Sirois nous a avoué avoir réalisé la décoration de quelques-uns des plats avec un poinçon acheté dans la section bricolage d’un magasin d’articles d’artiste !

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Samuel Sirois, chef et professeur à l’ITHQ

Surtout, n’essayez pas de copier. Essayez d’y aller selon ce que vous aimez. Essayez de donner un peu de volume, de jouer avec les formes, amusez-vous à ne pas rester linéaire ; moi, je veux que ce soit lustré, que ce soit joli quand je dresse.

Samuel Sirois, chef et professeur à l’ITHQ

Cela dit, inutile de se mettre de la pression : « La présentation va sans doute être différente chez vous, mais je veux vraiment que ce soit dit que je me suis amusé, nuance aussitôt le chef Sirois. En fait, les formes n’ont pas vraiment d’importance, parce que les goûts vont être là, la recette ne bougera pas. »

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Fondant au chocolat, aux betteraves, aux camerises et aux poires

Évidemment, c’est le goût qui compte avant toute chose. Pour ce faire, le chef Sirois a privilégié les aliments d’ici, mais sans en faire une maladie. Ainsi, il y a des agrumes dans ses plats, « car nous sommes en pleine saison des agrumes, et j’aime ça, des agrumes ! », dit-il en rigolant.

« J’ai fait exprès de choisir des trucs pas trop flyés pour le menu de Saint-Valentin, avec des goûts accessibles, assure Samuel Sirois. J’ai privilégié des produits d’ici, le plus goûteux possible en vertu de la saison, en fonction des disponibilités. Mais je n’ai absolument rien contre les aliments surgelés ; les mûres que j’utilise ont été surgelées l’été dernier, même chose avec les camerises. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas simplement de manger local ; c’est important, mais diversifier, c’est capital. »

Consultez les recettes du menu quatre services concocté par le chef et professeur Samuel Sirois