(Sébastopol, Californie) Adieu, zinfandels sucrés, cabernets sauvignons extraits et chardonnays boisés. Bonjour, vins frais et digestes ! Une bande de jeunes assoiffés redéfinit le vignoble californien depuis quelques années. Martha Stoumen fait partie du mouvement. Elle sera à Raw Wine Montréal avec plusieurs de ses compatriotes qui font des vins naturels sous le soleil.

Nous avons rendu visite à Martha Stoumen au mois d’août, dans le grand chai communal du quartier industriel de Sébastopol qu’elle partage avec quatre autres vignerons. Les vendanges commençaient tout doucement. Aussi y avait-il de l’activité autour des pressoirs et des fermenteurs, sans non plus que ce soit la folie.

« C’est un espace très créatif et collaboratif », s’exclame Nina Kravetz, responsable du marketing, tandis qu’elle nous fait visiter les lieux. À l’extérieur, l’équipe sort de table, après un lunch préparé par le cuisinier désigné des vendanges, patron des lieux, Pax Mahle. Le chai lui appartient. C’est à la vente de Wind Gap, son autre étiquette, que le « roi californien de la syrah » a trouvé sa maison un peu grande. Il a donc invité de jeunes nomades à faire leurs vins chez lui.

  • Les vignerons, employés et stagiaires réunis dans le chai de Pax Mahle ont l’habitude de manger tous ensemble pendant les vendanges.

    PHOTO ÈVE DUMAS, LA PRESSE

    Les vignerons, employés et stagiaires réunis dans le chai de Pax Mahle ont l’habitude de manger tous ensemble pendant les vendanges.

  • Nina Kravetz, responsable du marketing, nous fait visiter les lieux.

    PHOTO FOURNIE PAR ALEX C. OZ

    Nina Kravetz, responsable du marketing, nous fait visiter les lieux.

  • Une citation de David Bowie qui résume bien l’état d’esprit des vignerons qui travaillent dans ce chai communal.

    PHOTO ÈVE DUMAS, LA PRESSE

    Une citation de David Bowie qui résume bien l’état d’esprit des vignerons qui travaillent dans ce chai communal.

  • Rosalind Reynolds, assistante de Pax Mahle, a sa propre étiquette, Emme Wines.

    PHOTO FOURNIE PAR ALEX C. OZ

    Rosalind Reynolds, assistante de Pax Mahle, a sa propre étiquette, Emme Wines.

  • Martha Stoumen fait aussi de la piquette.

    PHOTO FOURNIE PAR ALEX C. OZ

    Martha Stoumen fait aussi de la piquette.

  • Pax Mahle a invité des jeunes vignerons et vigneronnes à utiliser son chai.

    PHOTO FOURNIE PAR ALEX C. OZ

    Pax Mahle a invité des jeunes vignerons et vigneronnes à utiliser son chai.

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Il faut savoir qu’en Californie, la très grande majorité, pour ne pas dire la totalité de ceux et celles qui se lancent dans le vin aujourd’hui achète du fruit ou loue des vignes qu’elle peut ensuite cultiver à sa manière. L’accès à la propriété ? Impossible.

Cela dit, il ne manque pas de raisin dans l’« État doré » et on peut trouver de tout, que ce soit des cépages méditerranéens, chiliens, nordiques ou autres. Il y a même de très vieilles vignes, puisque la Californie produit du vin depuis le XVIIIe siècle. Certaines des cuvées de Martha Stoumen, par exemple, sont élaborées à partir de carignan de 70 et 75 ans.

Vigneronne de première génération, la trentenaire a grandi à Sébastopol. Elle a passé huit années à apprendre le métier auprès de Didier Barral (Domaine Léon Barral, France), de Giusto Occhipinti (COS, Sicile) et de Chris Brockway (Broc Cellars, Californie), entre autres, tout en obtenant une maîtrise en viticulture et œnologie à l’Université UC Davis.

Pendant ses années sur le Vieux Continent, elle s’est éprise de cépages qui résistent bien à la chaleur, comme le carignan et le nero d’avola, cépages qu’elle a pu retrouver chez elle quand le mal du pays l’a prise. C’est en 2014 qu’elle s’est lancée en solo.

Pour se procurer du raisin de qualité, elle a conclu des ententes avec des propriétaires terriens et des viticulteurs du comté de Mendocino, déjà reconnu pour son grand nombre de vignobles aux pratiques durables, et de Contra Costa plus au sud, notamment.

La moitié de mes vignes sont louées et je m’occupe de leur viticulture. L’autre moitié est cultivée par des gens qui connaissent bien leur terre et qui ont la même philosophie que moi. Je veux montrer aux gens qu’on peut faire de la viticulture en harmonie avec la nature. Ça veut dire qu’on fait de la culture à sec [dry farming].

Martha Stoumen, vigneronne

Les premiers vins naissaient en 2016 et ont tout de suite été offerts au Québec, par l’intermédiaire de l’agence Oenopole. On les retrouve aujourd’hui à la SAQ. En 2022, la production devrait atteindre environ 9000 caisses, soit plus de 100 000 bouteilles, ce qui n’est pas une petite quantité de vin pour une jeune opération indépendante.

À l’échelle de la Californie, avec ses 75 millions de caisses annuelles, les 9000 de Martha Stoumen sont une goutte d’eau dans l’océan. Mais alors que les changements climatiques ne sont plus du tout théoriques dans cette région — la sécheresse sévit, les canicules s’intensifient —, les buveurs cherchent des vins plus digestes sur tous les plans. Ils veulent connaître le processus de la racine au verre. Ils veulent savoir que leur consommation cause le moins de tort possible. Pour ces raisons et bien d’autres, il faut que les pratiques agricoles et les méthodes de vinification changent au plus vite. Des centaines de milliers de caisses à la fois.

Pour Martha Stoumen, le vin est un produit agricole, une « nourriture ». La mère d’un petit garçon se sent de plus en plus connectée à son environnement. « J’ai développé mon instinct au fil du temps et aujourd’hui, je sens que ma manière de faire du vin, de le déguster est beaucoup plus liée aux sensations qu’à la recherche d’un résultat précis », confie celle que les Montréalais pourront rencontrer dans une semaine.

Raw Montréal aura lieu les 19 et 20 novembre, avec une foule d’évènements satellites, dont une soirée en compagnie de Martha Stoumen, Arianna Occhipinti et Theo Zierock de Foradori au Bar Wills, à compter de 16 h, en collaboration avec la pizzeria Elena.

Le transport vers la Californie a été offert par Air Transat, qui n'a eu aucun droit de regard sur le contenu de ce reportage.

Consultez la page de Raw Wine Montréal

Un vin à découvrir

PHOTO FOURNIE PAR ALEX C. OZ

À droite, la cuvée Post Flirtation rouge, en vente à la SAQ

Ce rouge à l’étiquette bien mignonne est offert en assez bonne quantité sur le site de la SAQ. Il est composé majoritairement de zinfandel (55 %) et de pinot noir (34 %), avec un peu de carignan et de petite sirah. Martha Stoumen le qualifie elle-même de « caméléon de cuisine », concentré comme un jus de grenade et juteux comme une eau d’hibiscus. C’est en effet un vin pas complètement léger ni totalement fruité, avec une touche de salinité qui donne envie d’y retremper ses lèvres encore et encore et encore… puis oups, la bouteille est vide ! Les Post Flirtation blanc et rosé ainsi que d’autres cuvées de la vigneronne sont également en vente à la SAQ présentement.

Post Flirtation Red 2021, 45,25$ (14205648) 12 %

Découvrez le Post Flirtation Red 2021 sur le site de la SAQ