(Lyon) Un millésime « prometteur », une production en légère hausse, mais une commercialisation marquée par le contexte international : l’année 2022 a été « contrastée » pour les vignerons et les négociants de la vallée du Rhône qui ont bénéficié de la solidité de leurs crus.

« Sur le plan qualitatif, c’est plutôt une très belle année. Quand il a fait chaud et sec comme l’an dernier, on fait des grands vins », a déclaré lundi à l’AFP Philippe Pellaton, le président d’InterRhône, l’organisme interprofessionnel regroupant la filière viti-vinicole des AOC de la vallée du Rhône.

Ce terroir compte plus de 5000 exploitations sur cinq départements (Rhône, Loire, Ardèche, Gard, Drôme et Vaucluse), 31 appellations, dont les plus célèbres sont condrieu et côte-rôtie, et 34 cépages.

Il reste le deuxième vignoble AOC de France, derrière le vignoble de Bordeaux, avec 65 346 hectares pour 2,6 millions d’hectolitres récoltés en 2022, soit une légère hausse de 2 % en un an, selon les derniers chiffres d’InterRhône, publiés lundi lors de la conférence de presse annuelle des vignobles AOC de la vallée du Rhône.

Au total, 329 millions de bouteilles ont été commercialisées l’an dernier, mais les sorties de chais ont baissé de 6 % en un an avec près de 2,47 millions d’hectolitres produits.

Côté crus, « il se confirme un positionnement serein, bien établi, sacralisé sur des circuits valorisés », comme en restauration ou chez les cavistes, selon M. Pellaton, qui note les bons résultats de saint-joseph (+10 % en volume commercialisé), crozes-hermitage (+12 %) ou gigondas (+7 %).

Mais sur les appellations régionales, « c’est plus contrasté » avec un recul relativement contenu pour les vins des Côtes du Rhône (-3 % en volume commercialisé) et plus prononcé pour les autres AOC, telles que ventoux (-11 %) ou costières-de-nîmes (-13 %).

« Sur ces vins, on est sur des volumes beaucoup plus importants à écouler que ceux des crus. Principalement commercialisés en grande distribution, ils sont l’objet d’arbitrages du consommateur dans un contexte inflationniste sur les produits alimentaires », a expliqué M. Pellaton.

InterRhône relève aussi la « disparition progressive des consommateurs de vins au quotidien », qui touche essentiellement les vins rouges « à moins de 4 euros la bouteille ».

En revanche, les ventes en grande distribution des rosés se sont « stabilisées » et celles des blancs rhodaniens ont progressé de +8,4 %, s’est félicité l’organisme.

À l’export, 186 destinations dans le monde ont consommé des vins de la vallée du Rhône, aux premiers rangs desquelles la Belgique (18 % des importations en volume), le Royaume-Uni (15 %) et les États-Unis (14 %).

Si les volumes ont baissé en raison des « tensions internationales et du contexte économique », avec 118 millions de bouteilles exportées en 2022 contre 127 millions l’année précédente, ils restent néanmoins « supérieurs à ceux de 2020 » avec une « valorisation toujours en hausse », précise InterRhône.