La compétition entre les nombreuses distilleries de la province n’a pas freiné des gens d’affaires de Québec d’en créer une nouvelle : Arsenal & CO., qui vient tout juste d’ouvrir. Avec son restaurant et ses spectacles, l’établissement est destiné à bien plus que de distiller de l’alcool. Ses fondateurs veulent en faire un des arrêts incontournables de la ville.

Dans le quartier Saint-Sauveur, près du boulevard Charest, qui relie l’autoroute 40 au Vieux-Québec, la façade de brique rouge de l’ancienne usine de munitions Arsenal Saint-Malo est quasi intacte. Pourtant, à l’intérieur, le lieu a changé de vocation et de style de façon draconienne.

La porte vitrée s’ouvre d’abord sur le restaurant de 220 places. L’immensité de la pièce, haute de 12 mètres, est mise en valeur par deux lustres géants suspendus au-dessus du bar central. Vers l’arrière, trois escaliers permettent d’accéder à différents paliers, où se trouvent des tables et des sofas. C’est une fois à l’extrémité de la salle que l’architecture inhabituelle prend tout son sens.

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Des escaliers permettent d’accéder à différents paliers.

On s’est inspirés de l’ambiance des cabarets. Partout où on se trouve dans le restaurant, on a une vue sur la scène où on aura des spectacles vraiment originaux, comme des batailles de piano.

Carl Desruisseaux, copropriétaire d’Arsenal & CO.

Carl Desruisseaux exploite déjà six restaurants dans la ville de Québec, dont le Pub Saint-Patrick et le Pub du Parvis. Avec l’Arsenal, il en ajoute un septième à son groupe Top Resto.

Néanmoins, ce qui motive encore plus l’homme d’affaires dans ce nouveau projet, c’est la distillerie. Car dans la pièce adjacente au restaurant, des alambics attendent la fin des travaux pour se mettre au travail.

Des ambitions et des petits lots

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Arsenal & CO. a de grandes ambitions.

L’idée d’Arsenal a germé pendant la pandémie. En attente de la réouverture des restaurants, Carl Desruisseaux s’est remémoré ses visites de distilleries en Irlande. Il a voulu reproduire le concept au Québec.

« Dans l’expérience client, ça m’en prend beaucoup pour m’émerveiller, raconte-t-il. La qualité des visites, l’offre touristique et les ateliers cocktails en Irlande, c’est incroyable. »

Pour mettre sur pied un projet d’envergure, M. Desruisseaux s’est associé avec des partenaires d’expérience dans la production d’alcool, François Nolin et Marie-Pierre Roy, autrefois à la brasserie Archibald. Ils lui ont conseillé d’investir dès le départ dans des capacités de distillation beaucoup plus grandes que nécessaire pour le démarrage. De cette manière, il ne sera pas nécessaire de réinvestir au bout de quelques années.

Ainsi, un immense alambic à colonne servira à la production de vodka. Plus loin, d’autres appareils seront utilisés pour distiller de petits lots de différents alcools. Dans une autre salle, 400 fûts de chêne serviront au vieillissement des spiritueux. L’actionnaire est fier de présenter la distillerie comme l’une des plus grandes du pays.

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Carl Desruisseaux en compagnie d’un de ses partenaires, Marc-Antoine Beauchesne

Notre angle d’attaque, ce ne sera pas le gin. On veut produire du whisky et du rhum, des alcools qui prennent plusieurs années à concevoir.

Carl Desruisseaux, copropriétaire d’Arsenal & CO.

L’homme d’affaires projette également de faire pousser des fines herbes, des fruits et des fleurs sur le toit de l’établissement dès l’été prochain. En plus d’égayer la terrasse, où un bar sera installé, les aromates serviront à la production de lots exclusifs.

« Imagine une crème de menthe avec la plante récoltée sur notre terrasse, ou une liqueur basilic et framboise de notre toit, ajoute-t-il. Ce seront de petits lots offerts uniquement à notre boutique. Les clients viendront chercher leurs alcools comme on s’arrête à la boulangerie pour prendre son pain. »

Comme au musée

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE INSTAGRAM DE DISTILLERIE ARSENAL & CO.

La distillerie est installée dans un bâtiment historique.

Carl Desruisseaux rêve grand ; il souhaite qu’Arsenal & CO. devienne un attrait touristique au même titre que le Musée de la civilisation ou les plaines d’Abraham. C’est pourquoi il veut mettre en valeur l’histoire de la bâtisse grâce à des tours guidés.

Les visiteurs apprendront ainsi que, lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Arsenal de Saint-Malo était l’une des plus importantes fabriques de munitions au Canada. Ses imposants plafonds de béton avaient été conçus en guise de protection en cas d’explosion.

L’Arsenal, c’est un écosystème avec une boutique, un restaurant et un lieu touristique. Si c’était uniquement une distillerie, ça ne serait pas viable.

Carl Desruisseaux, copropriétaire d’Arsenal & CO.

Le restaurant est la première phase achevée du projet, estimé au départ à 7 millions de dollars. Sur la carte, des plats de viande fumée comme dans le sud-ouest des États-Unis seront offerts, ainsi que de la pizza napolitaine. M. Desruisseaux prévoit aussi ajouter un menu dégustation en accord avec ses boissons dès que la distillerie sera en fonction. Selon l’homme d’affaires, les alambics seront mis en marche d’ici Noël.

1195, rue Taillon, Québec

Consultez le site d’Arsenal & CO.