(Saint-Cuthbert) « Quoi de mieux pour faire connaissance avec quelqu’un que de partager un repas ou une boisson avec cette personne ? » La nutritionniste Marianne Lefebvre en est convaincue : la cuisine a le pouvoir de rapprocher les individus.

« Je crois vraiment en la nourriture pour améliorer le mieux-vivre ensemble », confie la spécialiste en nutrition internationale qui a récemment lancé Dans les cuisines du monde.

Sur les rayons des librairies, l’ouvrage est classé parmi les livres de recettes, mais ce terme est un brin réducteur. Car au fil des pages, non seulement on découvre des mets en provenance des quatre coins du monde, mais aussi on rencontre les Québécois de tous les horizons qui les cuisinent.

Originaire du Kazakhstan, Zhannat Ospanova donne, par exemple, une recette de plov, un mijoté d’agneau et de carottes festif et simple à apprêter. Dans un autre chapitre, on prépare du foufou grâce à la Béninoise Colette Azandjeme. Dans la section consacrée à l’Amérique latine, Mario Briones fait voyager le lecteur jusqu’au Mexique avec ses flautas de pollo.

Ils sont une douzaine à avoir accepté l’invitation de Marianne Lefebvre de présenter les spécialités culinaires de leur famille et de raconter les souvenirs qui y sont associés. Des personnes que la nutritionniste a rencontrées dans divers contextes, notamment lors de ses études ou alors qu’elle travaillait auprès de nouveaux arrivants.

« Je voulais faire tout mon possible pour mettre les gens d’ailleurs de l’avant », indique-t-elle lorsqu’on la questionne sur le format peu conventionnel de son ouvrage.

À travers ces portraits, on a l’impression de se retrouver en cuisine avec la nutritionniste et ses invités. Un peu comme à l’instant. Dans sa maison de Saint-Cuthbert, dans Lanaudière, elle prépare pour La Presse des petits pains au fromage, une recette que lui ont donnée les sœurs Stéfanie et Mélanie Lantagne Lopez, deux passionnées de cuisine nées au Pérou d’une mère bolivienne et d’un père québécois.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Préparation des petits pains au fromage

« Quand on parle des immigrants, on parle d’eux en masse. [...] On oublie que ce sont des individus, qu’ils ont une histoire, une famille, une culture », fait valoir l’autrice.

La grande voyageuse croit fermement que de s’intéresser à la culture alimentaire d’une personne venue d’ailleurs facilite la création de liens.

« Ça délie les langues, la nourriture. Tout le monde mange. Tout le monde aime manger », affirme-t-elle, en soulignant que le sujet ne déclenchera pas de controverse. « Pas comme la politique », dit en rigolant celle qui donne aussi des conférences interculturelles et des ateliers de consolidation d’équipe.

« Des gourmands curieux »

L’identité culinaire québécoise a d’ailleurs été fortement influencée par les différentes vagues d’immigration, rappelle Marianne Lefebvre.

« Quels sont les mets les plus populaires à Montréal ? Le sandwich à la viande fumée et le bagel, deux mets qui ont été amenés par les Juifs », donne-t-elle en exemple.

Je pense que c’est important qu’on dise aux gens qui viennent ici, au Québec : vous êtes les bienvenus, mais en plus, on est des gourmands curieux. On aime ça, découvrir la nourriture d’ailleurs.

Marianne Lefebvre, nutritionniste spécialisée en nutrition internationale

Pour assouvir cette curiosité, la nutritionniste a ajouté dans son livre de l’information sur certains ingrédients qu’on cuisine depuis moins longtemps au Québec, comme la citronnelle ou le pancit. « Tu peux très bien ne lire Dans les cuisines du monde que pour ta culture générale », note-t-elle.

Certaines recettes traditionnelles ont aussi été adaptées afin de pouvoir être cuisinées peu importe où l’on se trouve au Québec, pas seulement dans les centres urbains.

Échange culturel

L’échange culinaire prôné par Marianne Lefebvre n’est toutefois pas à sens unique. « Je pense que c’est important de valoriser la cuisine québécoise aussi. »

Pour ce faire, on peut tous faire des gestes simples pour faire découvrir des produits d’ici, croit l’autrice.

« Dans les écoles, dans les entreprises, les Québécois mangent ensemble, les Haïtiens mangent ensemble, les Maghrébins mangent ensemble. On peut inviter des gens de différentes cultures à partager son lunch. »

Celle qui a longtemps travaillé directement auprès de nouveaux arrivants croit que la plupart d’entre eux seraient heureux d’accepter une telle main tendue.

« Je pense juste qu’il faut se dégêner et aller vraiment à la rencontre de l’autre. »

Marianne Lefebvre sera en séance de dédicaces à la Librairie Gourmande, au marché Jean-Talon, le samedi 7 octobre, de 11 h à 13 h.

Consultez le site de Marianne Lefebvre
Dans les cuisines du monde

Dans les cuisines du monde

Éditions Québec Amérique

240 pages