À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : Nikkei, où se rencontrent les saveurs du Japon et du Pérou.

Pourquoi en parler ?

Il y a quelques semaines, Nikkei célébrait son premier anniversaire. Une occasion de retourner visiter cet établissement installé dans le feu café Les Entretiens, diversifiant l’offre du charmant quartier le Petit Laurier avec sa cuisine Nikkei. Nikkei, c’est le nom donné à cette fusion des cuisines péruvienne et nipponne, née au Pérou, pays dont le riche paysage gastronomique a été façonné par de nombreuses vagues d’immigration, dont celle de Japonais, au début du XXe siècle.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le gérant Facundo Ayala en compagnie des deux chefs du Nikkei, Michelangelo Miceli et Daniel Silva

Qui sont-ils ?

Lentement, mais sûrement, le groupe Barranco fait sa marque dans le paysage de la restauration montréalaise. Fidel M. Vasquez et ses partenaires ont ouvert le Barranco, populaire établissement du Plateau spécialisé dans la cuisine péruvienne, en 2021. Avec le Nikkei, ils ont voulu proposer une expérience gourmande un brin plus sophistiquée. Ils travaillent à d’autres projets, dont l’ouverture d’une cuisine centrale. Le groupe a la particularité de fonctionner avec deux « cochefs » exécutifs, Michelangelo Miceli et Daniel Silva, qui imaginent ensemble les menus des deux établissements, une collaboration fructueuse. Facundo Ayala s’occupe de la gérance du Nikkei alors que Jeremy Escolano signe l’impressionnante carte des cocktails.

Notre expérience

Chose rare, Nikkei est ouvert sept jours sur sept. Je m’y rends un mardi soir caniculaire, avec l’amoureux. Assis au bar, nous avons tout le loisir d’admirer le minutieux travail du mixologue Jeremy, qui mitonne un cocktail sophistiqué après l’autre. Ça donne soif !

Pour accompagner la carte liquide, les chefs ont imaginé un menu assez court, qui change au fil de l’année, composé de petits plats appelant au partage. En cet été chaud et humide, la fraîcheur est au rendez-vous.

Ceviches et tiraditos se partagent la vedette. Le premier, plus traditionnel, se présente avec ses cubes dodus, et le poisson est « cuit » dans une marinade bien acidulée. Le ceviche Maguro, à base de thon Yellowfin, offre des saveurs intenses, salines : leche de tigre au panca (un piment péruvien), petits cubes de daikon mariné, tranches de radis, caviar mujjol et oignons rouges composent l’assiette. Sans être mauvais, le mariage des saveurs ne nous séduit pas. On lui préfère le tiradito Kari Kari, mieux balancé, aux contrastes intéressants. Le saumon, en fines tranches, est mi-cuit, légèrement passé à la torche. D’un jaune soleil vitaminé, le leche de tigre (marinade typique de la cuisine Nikkei, bombe de saveurs à base d’aromates divers, ici avec du piment ajì amarillo) se mange à la cuillère et on adore la touche de crunch : des filaments d’anchois frits agrémentés de mirasol, un piment péruvien séché. Un plat minimaliste, qui fonctionne merveilleusement bien.

Le nigiri de res est un jeu autour du traditionnel plat japonais, mais ici, le poisson cru est remplacé par un tataki de filet mignon torché, rendu particulièrement savoureux avec sa croûte togarashi (mélange de sept épices japonaises) offrant un goût fumé et beaucoup d’umami. Déposé sur une boule de riz façon sushi, il est surmonté de chalaquita, une salsa péruvienne légèrement piquante, et de rayunnaise (goûteux mélange de rayu, une huile pimentée japonaise, et de mayonnaise). Les trois bouchées sont dévorées en quelques instants et on doit se retenir de commander une deuxième tournée.

Les ingrédients péruviens ne sont pas légion au Québec. Plutôt que d’essayer de reproduire exactement les spécialités péruviennes, les chefs se donnent une certaine liberté artistique et offrent une relecture modernisée de la cuisine Nikkei. Le résultat est probant, même si quelques plats goûtés auraient pu offrir des saveurs plus punchées.

Parmi nos autres coups de cœur : le tron shi to de Atun, un tartare de thon Yellowfin surmonté de mignons kumquats confits dans le sirop, qu’on dépose dans des feuilles de nori pour n’en faire qu’une bouchée, et le plat de bonito shishito, où les piments shishito se marient à merveille avec de croquants pois mange-tout, le tout surmonté de flocons de bonite séchée, un poisson fermenté et fumé, spécialité japonaise.

En finale sucrée, la tartelette yuzu offre une variation autour de la Key lime pie, façon déconstruite. La chantilly et la crème pâtissière sont délectables et l’agrume, bien présent. Mais le biscuit sablé était un peu trop coriace sous la fourchette.

  • Deux créations très réussies : Yüso Lúz et Käwa Fasshon

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Deux créations très réussies : Yüso Lúz et Käwa Fasshon

  • La sélection de sakés plaira aux amateurs et à ceux qui veulent faire des découvertes.

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    La sélection de sakés plaira aux amateurs et à ceux qui veulent faire des découvertes.

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Dans notre verre

La carte des cocktails à elle seule vaut un arrêt au Nikkei. Le choix est vaste, original, très travaillé. Certaines créations n’ont pas leur pareille à Montréal. Plusieurs sont inspirées de classiques, avec une twist péruvienne ou nipponne, par exemple le Käwa Fasshon, un Old Fashion à la japonaise (whisky japonais, Hinoki, un amer boisé, et du kuromitsu, une mélasse de sucre noir), très réussi. Ou le rafraîchissant Yüso Lúz, parfait équilibre d’acidulé et d’amertume avec son mélange de mangue et kéfir, agrémenté de cachaça (un alcool brésilien), Aperol, Peychaud et prosecco. Il y a aussi un beau choix de cocktails sans alcool ! L’endroit propose une intéressante carte de sakés d’importation privée. Côté vin, le choix est plus restreint et convenu.

Prix

Les petits plats tournent autour de 15 $. Pour les plats de poisson (ceviche, tiradito, tartares), comptez de 20 $ à 30 $. Les cocktails commencent à 16 $.

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La terrasse du Nikkei est sans réservation.

Bon à savoir

Nikkei est ouvert tous les jours de la semaine, de midi à 23 h. Réservations recommandées – sauf sur la terrasse, où c’est premier arrivé, premier servi, lorsque le temps le permet. Très peu de mets végétariens, mais les pescétariens seront comblés. Facilement accessible aux personnes à mobilité réduite.

1577, avenue Laurier Est, Montréal

Consultez le site de Nikkei Mtl