Critique resto Saucette chez Annette

À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : Annette, le bar à vin de Rosemont qui fait mouche !

Pourquoi en parler ?

Alors que notre numéro annuel consacré au monde du vin se tramait, la visite d’un bar à vin était tout indiquée pour ma prochaine critique. Dire que pendant quelques années, le seul bar à vin digne de ce nom à Montréal était le Pullman ! C’était avant que ne déferle la vague des buvettes et autres bars à vins nature, dans chaque quartier de la ville (et ce n’est pas moi qui vais me plaindre !). Chez Annette, le chef Marc-André Jetté et ses partenaires ont choisi de faire les choses un peu différemment, ou du moins, à leur manière. D’abord, en ne se collant pas à la mode du « nature ou rien ». Ensuite, en proposant une expérience « démocratique ». Et les gens du quartier Rosemont et au-delà ont rapidement adopté l’endroit, démontrant un appétit pour le concept.

Qui sont-ils ?

Chef propriétaire du Hoogan & Beaufort, aussi derrière les boucheries Édouard et Léo, Marc-André Jetté n’est plus à présenter. Son restaurant, ouvert en 2015 dans Angus, continue d’être une des meilleures tables de la métropole. Avec Annette, il a voulu proposer une expérience différente, plus décontractée, appuyée par sa complice dans la vie comme en affaires, Mila Rishkova. Et puis, le couple avait construit au fil des années une cave à vin qui fait envie. Pourquoi ne pas partager ? Le trio est complété par Olivier Quintin, pilier du Hoogan et idéateur de la carte des cocktails. En salle, de précieux alliés, à commencer par Hugo Duchesne, sommelier émérite (Meilleur sommelier du Québec en 2020 et deuxième au Meilleur sommelier des Amériques en 2022), à qui s’ajoutent Josée Préfontaine, directrice de salle, et le chef de cuisine Paul Ruff, fraîchement débarqué de France.

Notre expérience

La firme lg2 a signé le design de l’endroit (situé à quelques pas du Hoogan & Beaufort), magnifique avec sa lumière de fin après-midi qui entre par les grandes fenêtres, élégant avec ses tons de vert et de cuivre, accueillant avec son bar ovale central, où on peut siroter un verre à l’européenne, c’est-à-dire debout, ou encore avec son espace lounge à l’avant et ses longues banquettes. La grande salle peut devenir plus intime en tirant un panneau de verre givré, séparant l’espace pour des évènements privés.

Nous entrons dans l’enceinte d’Annette un beau lundi soir de septembre. L’ambiance est feutrée, décontractée ; le personnel, chaleureux. Le bar sera notre place de choix pour observer à la dérobée les employés à l’œuvre dans la cuisine ouverte.

On se sent immédiatement bien, chez Annette. Et on a vite envie de faire saucette.

Vins au verre ou en bouteille, cocktails alléchants, et puis cette jolie carte de petits plats qui tient sur une feuille, qu’on devine mouvante, de saison, selon les arrivages et les inspirations. Tout nous fait envie. On plonge !

Encore des petits plats ? On vous invite à ne pas bouder l’endroit même si vous en avez assez de cette mode. Le tout porte quand même la griffe de Jetté. On est loin des petites assiettes simplettes, même s’il y a un certain minimalisme dans les compositions. En évitant la surenchère, on permet aux ingrédients et produits de qualité de briller. La précision et la gourmandise s’y rencontrent de belle façon.

Comme cet onglet de bœuf du Québec, servi en tartare. Il est fameux, en plus d’être photogénique ; la viande est bien vinaigrée, pour couper le gras de la mayonnaise à la ciboulette et du cheddar affiné Avonlea, avec ses petits croûtons et graines de moutarde marinées. Le bavarois au maïs – une version originale du dessert où la crème de maïs remplace la crème anglaise – est tout mignon avec ses grains de maïs grillés et soufflés. C’est une explosion de textures en bouche, et le goût du maïs, dont la saison s’achève, est sublimé. On a l’impression de mordre dans l’été juste avant qu’il ne disparaisse.

Les pleurotes frits, classiques du menu, sont assez irrésistibles, avec leur yogourt aux herbes dont l’acidité réussit à bien trancher le gras des champignons urbains cultivés dans Hochelaga par Blanc de gris. Les délicates fleurs de courgettes farcies au ricotta puis frites, un duo classique, étaient très bien apprêtées. Mais la purée d’épinards et beurre noisette, épaisse et peu acidulée, n’a pas réussi à totalement me convaincre que cet accord était bien choisi.

En dessert, difficile de ne pas succomber à ce bol de gaufrette où nous attendent des boules de crème glacée au caramel et des cubes de pêches caramélisées... Une vraie décadence, empreinte d’une douce touche de nostalgie !

Dans notre verre

Du classique au vin nature – « mais droit », glisse Hugo Duchesne, qui se prépare activement à participer au concours du Meilleur sommelier au Canada, en novembre à Halifax –, du vin accessible aux cuvées d’exception, la carte d’Annette a non seulement de la profondeur, mais fait aussi le pari de s’adresser à tous les goûts et à toutes les bourses, de combler autant le néophyte curieux que le fin connaisseur qui écarquillera les yeux devant quelques perles du cellier. Il y a l’imposante carte de vins, avec sa couverture en cuir, que les collectionneurs se plairont à feuilleter, mais aussi une sélection plus digeste, qui tient sur une feuille recto verso, avec sa sélection de bouteilles et une trentaine de vins au verre du moment, sans oublier le vin maison et même l’Expérience Coravin, un système à capsules de gaz qui permet de servir des bouteilles plus onéreuses au verre, sans perdre le précieux liquide. Vous y dégusterez donc autant un demi-carafon de 500 ml Grüner Libre du populaire domaine autrichien Meinklang en blanc (la cuvée en importation privée, quand même !) à 19 $ qu’un Chablis 1^er Cru à 22 $ le 2,5 oz.

Il ne faut pas passer sous silence les cocktails. Le bar à vin a mis à sa main quelques classiques. Le Gimlet Annette, avec huile d’aneth (on aime cette herbe ici, qui rappelle à Mila son Ukraine natale), est le porte-étendard, mais on se laisse aussi séduire par le Mélissa (griotte, gin km12, amaretto) ou le Jordana (mezcal, concombre, lime).

Prix

Les petits plats vont d’une quinzaine de dollars pour la section à manger avec les doigts, puis tournent autour de 20-25 $ pour les plats légèrement plus copieux, à manger à la fourchette. Comptez 12 $ pour un dessert, autour de 15 $ pour un cocktail, et il y a toujours un verre de blanc et de rouge qui avoisine les 10 $. Voilà des petits prix comme on les aime !

Bon à savoir

Annette est désormais en action 7 jours sur 7, dès 16 h jusqu’à tard. Depuis peu, l’endroit prend les réservations. De nombreux évènements et dégustations ont lieu dans sa salle semi-privée. Situé au rez-de-chaussée, le bar à vin est facilement accessible aux personnes à mobilité réduite.

4051, rue Molson (local 120), Montréal

Consultez le site d’Annette