Il y a eu le Dominion Square Hotel, le moins glorieux Pub Dominion et la superbe Taverne Square Dominion. Voici maintenant l’élégant Bar Dominion. Pour faire revivre ce lieu chéri des Montréalais (et de leurs visiteurs), le mixologue Andrew Whibley du Cloakroom et le chef Pablo Rojas du restaurant Provisions ont marié leurs talents.
C’est à l’été 2022 que l’équipe qui avait restauré les lieux avec grand soin – Alexandre Baldwin, Alexandre Wolosianski, Nicole Lemelin et le chef Éric Dupuis – annonçait que la Taverne ne rouvrirait finalement pas post-COVID, faute d’entente avec les propriétaires du bâtiment.
Ce fut un coup particulièrement dur pour le quatuor. Ce sont eux qui, à compter de 2009, avaient redonné son âme à l’historique établissement. La pandémie et un bail arrivé à échéance ont eu raison de ce projet que les restaurateurs pensaient léguer à leur progéniture.
Comme le répète Alexandre Baldwin depuis la fin de cette aventure : « Business is business. » On ajouterait : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres. » L’équipe de l’excellent bar à cocktails Cloakroom et celle du réputé restaurant Provisions (qui comprend boucherie et bar à vin) ont décidé de ramener le Dominion à la vie. Déjà, une cinquantaine d’employés sont à l’œuvre pour rendre la chose possible.
La cuisine dans laquelle Éric Dupuis et son équipe faisaient des miracles étant particulièrement exiguë, Pablo Rojas a opté pour un menu réduit, complété par un bar à huîtres et autres fruits de mer. Cela dit, il y a suffisamment d’options à la carte pour qu’on puisse se composer un joli festin.
La section « Grignotines » est garnie de propositions quand même consistantes, comme l’assiette de jambon, figues et manchego, les bâtonnets de halloumi frits et le sandwich muffuletta, par exemple. Du « Grill » on peut choisir la pieuvre, la saucisse chipolata et même un contrefilet de 12 oz, entre autres. Bref, personne ne mourra de faim ici et les prix sont bien honnêtes.
La carte des vins inspirée, signée Marie-Ève Deschenes, et le programme cocktail d’Andrew Whibley sont deux autres excellentes raisons de fréquenter le Bar Dominion. Pour s’accorder à l’esprit du lieu, le mixologue mise sur des classiques. Il aimerait bien voir une enfilade de verres à martini sur le long bar en bronze. Son « dirty », avec une touche d’extraits de sauge et d’olive faits maison, est exceptionnel. Il y a aussi des sections « Negronis », « Whiskey », « 75s & Spritz » (pour amateurs de bulles) et « Highballs & Fizz ». Il faut leur pardonner l’anglais. Le vocabulaire du cocktail est plus développé dans la langue de Shakespeare.
Question d’estomper un peu le passé récent de restaurant et d’affirmer la nouvelle vocation du local qui se veut maintenant un bar gourmand, la nouvelle équipe ne propose plus le dîner. Les portes ouvrent maintenant à 14 h et ferment à 2 h. On a retiré toutes les tables anciennes pour deux, remplacées par de grandes tables hautes en bois massif. Exit aussi les vieux miroirs patinés. L’éclairage est plus travaillé.
Mais on ne vous mentira pas : l’endroit a un peu moins de son lustre « années 1920 » qu’avant, bien que le plancher, les carreaux aux murs, les vieilles armoiries du Canada et plusieurs autres éléments d’origine y soient toujours. Cela n’empêche toutefois pas le Bar Dominion d’être une des meilleures options au centre-ville pour bien boire et bien manger dans un décor d’époque comme il y en a peu à Montréal.
1243, rue Metcalfe, Montréal
Consultez le site du Bar Dominion