L'opération de charme internationale de Barack Obama s'est terminée à Londres hier – il a eu droit à un dernier love-in avant de retourner dans son pays.

Il a rencontré successivement Tony Blair, le premier ministre Gordon Brown et celui qui pourrait bien déménager à Downing Street d'ici deux ans, David Cameron.

Il a réitéré sa vision de la politique étrangère américaine : les États-Unis ont besoin d'alliés européens forts pour régler des problèmes mondiaux comme le terrorisme, le réchauffement climatique et le ralentissement économique.

Comme à chaque escale de sa tournée de huit jours, une meute de journalistes ont suivi ses faits et gestes. À son arrivée à Downing Street, les flashs fusaient alors qu'il serrait la main des policiers postés devant la célèbre porte noire.

Quelques centaines de fans s'étaient massés à une cinquantaine de mètres, devant des grilles noires, dans l'espoir d'apercevoir sa silhouette.

«Il est une figure inspirante pour les jeunes Noirs, dit Yvonne Cornwall, née d'un père jamaïcain, alors que son fils regarde à travers des jumelles. Il est le John Kennedy de notre génération. Je crois qu'il peut faire une différence dans ce monde.»

Barack Obama renforcera les organisations internationales comme l'ONU, a dit Mel Angbadjili à La Presse, pour expliquer son admiration. Ce Londonien d'origine ivoirienne était déçu d'apprendre que son idole ne ferait pas de discours public dans sa ville. «On a été mal servis!» s'exclame-t-il.

L'exemple de McCain

Vrai, ce séjour s'est déroulé sur une note plus sobre qu'à Berlin et Paris. Barack Obama n'a pas pris de bain de foule et n'a pas donné de conférence de presse avec Gordon Brown, pour des raisons protocolaires. Le premier ministre britannique, très impopulaire, aurait certainement gagné à s'afficher en sa présence.

Visiblement très fatigué, le candidat démocrate a toutefois répondu aux questions de la presse britannique.

Interrogé sur John McCain, qui lui reproche de faire un tour d'honneur comme s'il était déjà à la Maison-Blanche, Barack Obama a répondu qu'il suivait son exemple : «John McCain a visité les mêmes pays que moi, en plus d'être allé au Canada et au Mexique, a-t-il dit. Je n'ai rien fait de différent sauf de reconnaître qu'un futur président doit créer des relations efficaces avec nos alliés.»

Le candidat démocrate a reconnu la « relation spéciale » qui unit les États-Unis et la Grande-Bretagne, un sujet délicat pour les Britanniques depuis l'amitié entre Tony Blair et George Bush.

Pas moins de 53% des Britanniques croient qu'Obama ferait un meilleur président que John McCain.

Une conversation impromptue

La presse britannique n'est toutefois pas dupe. Elle sait que le vrai public de la tournée d'Obama, qui n'a d'ailleurs accordé aucune entrevue à la presse européenne, était le peuple américain.

«Il a fait ce voyage pour démontrer aux électeurs américains qu'il est prêt à devenir leur commandant en chef et qu'il est capable d'améliorer les relations des États-Unis avec le reste du monde», a rappelé The Guardian hier.

Malgré son parcours sans faute au Proche-Orient et en Europe, son absence commençait à se faire sentir, hier, aux États-Unis.

«Avec tous les discours du sénateur Obama aux « citoyens du monde» à l'étranger, je commence à me sentir exclu. Peut-être que vous aussi», a déclaré hier John McCain à son émission de radio.

En avance

Pourtant, selon un sondage de Gallup publié hier, Barack Obama devance maintenant son rival de sept points avec 48% des intentions de vote aux États-Unis. Son séjour à Londres aura tout de même offert une surprise : une conversation impromptue entre lui et David Cameron, le chef du Parti conservateur. Elle a été enregistrée à leur insu par le réseau américain ABC. Ils discutent de l'importance de prendre des pauses dans leur horaire chargé pour prendre de meilleures décisions.

« Est-ce que vous vous arrêtez, parfois? s'enquiert David Cameron.

– Non, répond le sénateur. Mais je vais prendre une semaine de vacances en août. Un ancien conseiller à la Maison-Blanche a déjà dit qu'il est très important de prendre de longues pauses chaque jour pour ne faire rien d'autre que réfléchir.»