Les forces russes, toujours en Géorgie où régnait un fragile cessez-le-feu, ont été accusées jeudi par Tbilissi de «détruire» la ville de Gori et le port de Poti, alors que les leaders séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du sud étaient reçus au Kremlin.

«Les troupes russes détruisent la ville de Gori. Elles sont en train de miner la ville», et «elles détruisent tout dans le port de Poti» ainsi que les routes de l'ouest du pays, a affirmé le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur, Chota Outiachvili.

Une série d'explosions ont de fait été entendues et de la fumée se dégageait dans la journée autour de Gori, principale ville géorgienne près de l'Ossétie du Sud, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il semblait s'agir de tirs d'artillerie. Juste auparavant, un soldat russe avait demandé aux journalistes de quitter les lieux et tiré des coups de feu en l'air.

Les forces armées russes sont de retour dans le port géorgien de Poti (ouest) et ont accru leur présence à Gori en dépit de l'accord de cessez-le-feu, a affirmé à l'AFP un porte-parole du ministère géorgien des Affaires étrangères, Nato Chikovani.

L'accord approuvé mardi par Tbilissi et Moscou, prévoit le retour des forces géorgiennes dans leurs casernes et le retrait des troupes russes sur leurs positions d'avant le début du conflit en Ossétie du Sud le 8 août.

«Toute la nuit, ils ont dit qu'ils partiraient mais ils ont changé d'avis. Les forces géorgiennes ont interrompu (leur retour à Gori) afin d'éviter les accrochages avec les Russes», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère géorgien, Chota Outiachvili.

Au même moment, un photographe de l'AFP a vu 15 à 20 blindés géorgiens de transport de troupes, qui venaient de franchir un check-point de la police en direction de Gori, s'arrêter sur le bas-côté à 30 km de la ville.

Plus tôt dans la matinée, un journaliste était entré à Gori avec un convoi d'une vingtaine de véhicules de police transportant des fonctionnaires armés. Un char, un blindé et des soldats russes étaient postés à un check-point russe, à l'entrée de la ville.

Le commandement russe avait assuré mercredi que les troupes russes resteraient deux jours dans la ville pour assurer un transfert progressif de son contrôle aux forces de l'ordre géorgiennes.

Le président russe Dimitri Medvedev a déclaré que Moscou «soutiendrait» et «garantirait» sur la scène internationale «toute décision que prendraient les peuples d'Ossétie du sud et d'Abkhazie» sur leur statut, en recevant les «présidents» des deux territoires séparatistes géorgiens, l'Abkhaze Sergueï Bagapch et l'Ossète Edouard Kokoïty, au Kremlin.

«Vous avez défendu votre terre, la vérité était de votre côté, c'est pourquoi vous avez vaincu avec l'aide du contingent renforcé de forces de paix russes», a déclaré M. Medvedev aux deux leaders séparatistes.

Un haut responsable ukrainien a déclaré jeudi que les navires militaires russes partis de Sébastopol (Crimée, sud de l'Ukraine) pour appuyer les «forces de paix» russes en Géorgie, devraient demander une «autorisation» à Kiev pour revenir à la base navale de la Flotte russe de la mer Noire, que Moscou est contrainte de louer à l'Ukraine depuis la fin de l'URSS.

Les tensions restent également vives entre la Russie et les États-Unis, dont la secrétaire d'État Condoleezza Rice s'est rendue jeudi en France et était attendue vendredi à Tbilissi pour y témoigner du soutien du président George W. Bush au «gouvernement démocratiquement élu de Géorgie».

Washington a mis en garde la Russie contre un «renforcement de son isolement» si elle ne respectait pas le cessez-le-feu dans son conflit avec la Géorgie.

La Russie a pour sa part averti les États-Unis qu'ils devaient choisir entre leur soutien à la direction géorgienne et un «partenariat réel» avec Moscou sur la scène internationale.